WASHINGTON (Reuters) - La croissance de l'économie américaine a nettement ralenti au quatrième trimestre, le tassement de l'investissement des entreprises et le creusement du déficit commercial ayant occulté la hausse de la consommation des ménages, la plus forte depuis 2006, montre la première estimation publiée vendredi.
Le produit intérieur brut (PIB) a progressé de 2,6% en rythme annualisé sur octobre-décembre, après le bond spectaculaire de 5,0% enregistré sur les trois mois précédents, a annoncé le département du Commerce. Les économistes interrogés par Reuters prévoyaient en moyenne un chiffre de 3,0%.
Le ralentissement de fin 2014, après deux trimestres d'expansion très solide, pourrait être bref car la baisse des prix de l'essence (-43% depuis juin dernier selon les chiffres officiels) devrait doper la consommation des ménages et amortir l'impact du ralentissement en cours dans d'autres régions du monde.
La croissance demeure en outre supérieure au chiffre de 2,5% considéré comme le potentiel de long terme des Etats-Unis.
Sur l'ensemble de 2014, la première économie mondiale affiche une croissance de 2,4% après 2,2% en 2013.
Sur octobre-décembre, la consommation, qui représente plus des deux tiers de l'activité économique aux Etats-Unis, a augmenté de 4,3% en rythme annualisé, le chiffre le plus élevé enregistré depuis le premier trimestre 2006.
"Nous nous attendons à ce que la vigueur de la consommation intérieure continue de soutenir la dynamique de croissance au cours des prochains trimestres, même si l'investissement souffre de la chute des cours du pétrole", dit Gennadiy Goldberg, économiste de TD Securities.
Les contrats futures sur les principaux indices boursiers américains ont creusé leurs pertes après la publication des statistiques tandis que le dollar cédait du terrain et que les obligations d'Etat s'appréciaient.
LE PÉTROLE DOPE LA CONSOMMATION
Ces chiffres, qui seront révisés à deux reprises d'ici fin mars, pourraient avoir un impact sur l'évolution de la politique monétaire de la Réserve fédérale, qui se prépare à relever ses taux d'intérêt, sans doute en milieu d'année.
Des chiffres publiés vendredi par le département du Travail montrent une hausse régulière (+0,6%) des coûts salariaux au quatrième trimestre, mais toujours inférieure au niveau susceptible de favoriser la remontée de l'inflation à 2%, l'objectif de la Fed.
L'investissement des entreprises a, lui, nettement décéléré sur octobre-décembre, n'affichant plus que 1,9% de hausse après un bond de 8,9% au troisième trimestre. Et l'investissement en équipements a même reculé de 1,9%, sa plus forte contraction depuis le deuxième trimestre 2009, alors que les Etats-Unis étaient en récession.
Au troisième trimestre, l'investissement en équipements avait au contraire bondi de 11%, après +11,2% au trimestre précédent.
La faiblesse des trois derniers mois de l'an dernier peut donc s'expliquer par un simple rattrapage logique après deux trimestres exceptionnellement dynamiques, mais elle peut aussi traduire le report ou l'arrêt de projets dans le secteur pétrolier, conséquence de la chute des cours du brut.
Le creusement du déficit commercial, résultat de la faiblesse de la demande extérieure et du dynamisme des importations, s'est traduit par une contribution négative de 1,02 point de PIB au quatrième trimestre, après une contribution positive de 0,78 point au troisième.
La reconstitution des stocks des entreprises, elle, a contribué à la croissance à hauteur de 0,82 point.
Les dépenses publiques ont par ailleurs pesé sur la croissance en raison de la diminution des budgets de défense, tandis que la construction résidentielle apportait une contribution modeste mais positive au PIB.