M. Netanyahu est entendu comme suspect dans l'affaire dite "Bezeq", du nom du plus important groupe israélien de télécommunications, et doit être confronté pour la première fois aux informations fournies aux enquêteurs par un témoin clé, Nir Hefetz, l'un de ses hommes de confiance, ont rapporté les médias.
L'épouse de M. Netanyahu, Sara, un de ses fils, Yair, ainsi que le principal actionnaire de Bezeq, Shaul Elovitch, et l'épouse de ce dernier, Iris, doivent aussi être interrogés, ont rapporté les médias.
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Un porte-parole de la police s'est contenté de confirmer "différentes activités d'investigation" dans cette enquête, sans citer le nom des Netanyahu.
La police cherche à savoir si les Netanyahu ont cherché à s'assurer une couverture propice de la part du site d'information Walla en contrepartie de faveurs gouvernementales qui pourraient avoir rapporté des centaines de millions de dollars à Bezeq, selon la presse.
Walla est la propriété de Shaul Elovitch.
Les policiers enquêteraient aussi sur des soupçons d'entrave à l'enquête qui aurait consisté à faire disparaître des preuves, comme des messages.
C'est la neuvième fois que M. Netanyahu est interrogé dans les différentes affaires le concernant directement ou indirectement, et contraint d'organiser son emploi du temps en conséquence. Il reçoit plus tard dans la journée les ministres des Affaires étrangères français Jean-Yves Le Drian et allemand Heiko Maas.
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En revanche, l'interrogatoire de Yair Netanyahu est une première.
Si le Premier ministre n'a été formellement mis en cause dans aucun dossier, la police a recommandé le 13 février son inculpation dans deux d'entre eux.
Cette succession de coups durs remet en question l'avenir du Premier ministre, au pouvoir depuis près de douze ans au total et sans rival apparent.
M. Netanyahu proclame son innocence sur tous les fronts, dénonce une "chasse aux sorcières" et affirme sa ferme intention de rester à son poste.
M. Netanyahu n'est pas légalement tenu de démissionner s'il est inculpé.
Confrontations en vue
Mais une sévère crise politique qui a failli faire tomber le gouvernement en mars a rappelé la pression que les enquêtes en cours font peser sur la majorité. M. Netanyahu est soupçonné d'avoir délibérément laissé proliférer cette crise dans l'espoir de législatives anticipées dont son parti, le Likoud, était donné largement vainqueur par les sondages.
M. Netanyahu serait sorti politiquement renforcé dans la perspective d'une éventuelle inculpation.
La dissolution de la coalition a finalement été écartée.
L'affaire Bezeq, ouverte en 2017 mais qui a véritablement éclaté le 18 février, est présentée comme l'une des plus lourdes de menaces pour M. Netanyahu.
Nir Hefetz, ancien porte-parole de M. Netanyahu lui-même puis de sa famille jusqu'en 2017, a signé avec les enquêteurs un accord lui conférant le statut dit de "témoin d'Etat". En échange, il ne serait pas jugé, n'irait pas en prison et ne paierait pas d'amende, ont indiqué les médias.
Il est soupçonné d'avoir joué les hommes de liaison dans l'affaire.
Les policiers comptent confronter les Netanyahu avec ses dépositions, mais aussi des enregistrements de conversation téléphoniques et des messages, notamment de la part de la femme du Premier ministre, ont dit les médias, alimentés à flux constants par des fuites à la provenance inconnue.
La presse a aussi évoqué une possible confrontation entre M. Hefetz, Sara et Yair Netanyahu.
Mme Netanyahu, ainsi que d'autres protagonistes présumés, était interrogée à Lod, au siège de Lahav 433, le FBI israélien, selon les médias.
Jusqu'alors, les chefs des partis de la coalition, sur laquelle repose le gouvernement réputé le plus à droite de l'histoire d'Israël sont restés solidaires en attendant une éventuelle inculpation de M. Netanyahu.
Un pilier de la coalition gouvernementale, le ministre des Finances Moshé Kahlon, a cependant déclaré il y a dix jours que M. Netanyahu serait contraint de démissionner s'il était inculpé, sans quoi ses partenaires le laisseraient tomber de toute façon
Avec AFP