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Les forces pro-Ortega asseoient leur contrôle sur Masaya la rebelle au Nicaragua


Des miliciens armés pro-gouvernementaux brandissent des signes de victoire alors qu'ils occupent le quartier Monimbo de Masaya, au Nicaragua, le 18 juillet 2018.
Des miliciens armés pro-gouvernementaux brandissent des signes de victoire alors qu'ils occupent le quartier Monimbo de Masaya, au Nicaragua, le 18 juillet 2018.

Les forces fidèles au président nicaraguayen Daniel Ortega ont assis mercredi leur contrôle sur la ville de Masaya, bastion de l'opposition violemment repris la veille, s'attirant les condamnations de la communauté internationale.

T-shirt bleu, cagoule et fusil en main, des dizaines de paramilitaires patrouillaient à bord de pick-up dans les rues du quartier rebelle de Monimbo, jusqu'à la veille hérissées de barricades, a constaté l'AFP.

D'autres, adossés à des murs recouverts de graffitis anti-Ortega, mangeaient ou se reposaient. Des véhicules de la police étaient visibles, tandis que des habitants reprenaient leurs occupations et que des magasins relevaient leur rideau de fer.

Agitant le drapeau rouge et noir du Front sandiniste de libération nationale (FSLN, gauche) au pouvoir, faisant le V de la victoire ou levant le poing, ces hommes célébraient le succès de leur opération de mardi.

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"Nous proclamons notre victoire, notre avance sur ces forces obscures, diaboliques, qui pendant trois mois ont frappé et confisqué la paix", a déclaré aux médias officiels Rosario Murillo, vice-présidente du Nicaragua et épouse de M. Ortega.

Selon une ONG, quelque 200 habitants de Masaya ont dû fuir la ville mercredi, poursuivis par les forces progouvernementales.

"En ce moment, ces personnes qui s'étaient réfugiées (dans les environs de Masaya) sont en train d'être pourchassées par la police et les paramilitaires qui utilisent des chiens pour les traquer", a déclaré le dirigeant de l'Association nicaraguayenne des droits de l'Homme (ANPDH) Alvaro Leiva.

Durant plusieurs heures mardi, les habitants du quartier indigène de Monimbo on tenté de résister derrière leurs abris avec des pierres et des mortiers artisanaux.

"Ne tuez pas mon frère"

Le bilan des affrontements dans cette ville de 100.000 habitants située à une trentaine de kilomètre de la capitale Managua était loin d'être clair. Le Centre nicaraguayen des droits de l'homme (Cenidh) faisait était de deux morts, tandis que le gouvernement ne parlait que d'un policier tué. Une habitante a assuré à l'AFP qu'il s'agissait d'un "massacre", alors que, selon un paramilitaire, personne n'a été tué.

"Hier (mardi), ce fut une bataille de presque six heures, l'idée était de déloger (les rebelles) pour libérer la ville des barricades", a déclaré à l'AFP Francisco, un paramilitaire de 45 ans qui a participé aux combats.

Selon lui, "la population apprécie et nous remercie". Giovania Valitan fait partie de ceux-là.

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"Grâce à Dieu, tout est rentré dans l'ordre et la paix est revenue. Ces mauvaises personnes doivent chercher à réparer les dommages qu'elles ont causés (...) on souhaite la prospérité et travailler, rien de plus, et que les touristes reviennent, qu'ils n'aient pas peur", déclare à l'AFP cette femme de 34 ans.

D'autres, comme Livia Castillo, femme au foyer de 38 ans, estime qu'"on ne sait pas (ce qui va arriver), j'ai très peur, ça n'était jamais arrivé. J'ai un garçon de 16 ans et j'ai peur qu'ils l'emmènent de force".

A Managua, près de la prison d'El Chipote où ont été incarcérées des personnes arrêtées à Masaya, leurs proches tentaient d'obtenir des nouvelles.

"Je partirai d'ici quand ils me rendront" mes deux fils, a affirmé, les larmes aux yeux, Rosa Briceño, 40 ans: "Ils sont partis vivants et sans aucune égratignure, je les veux de retour dans le même état".

"S'il vous plaît, ne tuez pas mon frère", a supplié un garçon de 5 ans à cinq paramilitaires, encagoulés et armés de fusils, qui ont violemment fait irruption mardi dans sa maison du quartier de Monimbo.

Situation "alarmante"

L'incursion à Masaya, qui intervient deux jours avant le 39e anniversaire de la révolution sandiniste, est un pied de nez à la communauté internationale, qui a intensifié ces derniers jours les appels à la fin de la répression.

L'Organisation des Etats américains (OEA) a approuvé mercredi une résolution condamnant la répression et a exhorté le gouvernement à se mettre d'accord avec l'opposition sur un calendrier électoral, un vote salué sur Twitter par le vice-président américain Mike Pence comme "une position ferme contre la violence parrainée par l'Etat" au Nicaragua.

La situation "est alarmante et empire de jour en jour", a averti mercredi le secrétaire de la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH), Paulo Abrao, dans un entretien à l'AFP.

"Le comportement adopté par le gouvernement ces derniers jours semble fermer la porte aux espaces de dialogue", a estimé M. Abrao à propos du petit pays d'Amérique centrale où plus de 280 personnes ont été tuées en trois mois.

Plusieurs opposants nicaraguayens ont dénoncé une tentative de criminaliser les manifestations appelant au départ de M. Ortega, après l'approbation lundi par le parlement d'une loi sur le terrorisme punissant de peines allant jusqu'à 20 ans de prison les participants aux manifestations ou leurs soutiens.

Un mouvement de protestation dont les étudiants sont le fer de lance a été lancé le 18 avril contre le gouvernement de Daniel Ortega, un ancien guérillero de 72 ans qui est à la tête du Nicaragua depuis 2007 après l'avoir déjà dirigé de 1979 à 1990.

M. Ortega est accusé par l'opposition d'avoir mis en place avec son épouse Rosario Murillo une "dictature" marquée par la corruption et le népotisme. Les opposants demandent des élections anticipées ou son départ.

Avec AFP

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