"Chrétiens et musulmans s'éclairent mutuellement sur une meilleure coexistence pacifique selon les recommandations de la Bible et du Coran", avance Ibrahim Niandou, chef du projet Revalorisation du vivre ensemble (REVE).
Il y a huit mois, des émeutes anti-Charlie ont embrasé le Niger qui subit aussi des assauts du groupe islamiste Boko Haram.
"Ce dialogue est urgent depuis janvier!", martèle Boubacar Seydou Touré, membre influent de l'Association islamique du Niger (AIN), la plus ancienne et la plus importante du pays. Une centaine d'oulémas, pasteurs, théologiens musulmans et chrétiens ont participé la semaine passée à un forum initié par l'AIN sur "la coexistence pacifique".
"Les crises sont souvent engendrées par les leaders religieux à travers leurs prêches enflammés dans les mosquées ou les églises", accuse Seydou Touré.
Pour le pasteur Baradjé Diagou, les troubles de janvier "ont accentué la nécessité de vivre ensemble dans la cohésion". "Si nous vivons chacun de son côté, c'est très difficile que nous puissions nous comprendre", glisse-t-il.
En début de semaine, pour la première fois, évangélistes et catholiques se sont réunis "autour d'une même table" pour aussi "discuter de coexistence pacifique". "Accepter de nous écouter et de nous réexaminer pour progresser ensemble, c'est très important", assure Boureima Kiomso, le président de l'Alliance des églises et missions évangéliques du Niger (Ameen).
Quarante-cinq églises, cinq hôtels, des débits de boissons, des commerces et écoles chrétiens ont été pillés puis incendiés dans la capitale et à Zinder, la deuxième ville du Niger, le 16 janvier 2015, dans des émeutes qui ont suivi des manifestations contre la publication de la caricature de Mahomet à la une de Charlie Hebdo.
Depuis, les deux communautés religieuses tentent de restaurer la quiétude rompue. Au coeur du dispositif du "dialogue inter-religieux", le projet Revalorisation du vivre ensemble (REVE), financé par l'Union européenne et piloté par l'ONG américaine CARE International, veut "prévenir les violences" et "renforcer la coexistence pacifique", explique Ibrahim Niandou.
Des "Comités de dialogue" ont été mis sur pied dans les huit régions du pays et "toutes les tendances" y compris "les plus radicales" sont représentées, précise-t-il.
Jusqu'au début de cette année, les chrétiens vivaient sans heurt avec les musulmans qui sont majoritaires à 98% dans ce pays sahélien pauvre et laïc de 17 millions d'habitants.
Avec AFP