"Trois kamikazes se sont faits exploser, pour le moment il y a neuf morts et des blessés", a déclaré à l'AFP sous couvert d'anonymat un élu de la région de Diffa, cible régulière d'attaques des islamistes de Boko Haram.
Les kamikazes "deux jeunes femmes et un homme" ont fait exploser leur ceinture d'explosifs en différents endroits de la ville, a expliqué l'élu, en précisant qu'une "makaranta", une école coranique, basée dans un quartier populaire de la ville, avait été l'une des cibles.
"Les trois explosions se sont produites quasi simultanément dans mon quartier: une près d'une mosquée, une autre à proximité d'une école coranique et la troisième non loin d'un commerce", a raconté l'AFP Ibrahim Amadou, un résident du quartier de Koura, théâtre de la triple explosion.
"Il était 22h30 (21h30 GMT), j'étais devant la télévision lorsque j'ai entendu les très fortes détonations, j'ai aussitôt pensé à un banal bruit d'armes", a-t-il raconté. "Il y a eu 38 blessés, dont une vingtaine de cas graves. On lit la peur au sein de la population, mais qui ne cède pas à la panique".
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"Cela a surpris tout le monde", a dit Ari Maman, un autre habitant. "Nous nous attendons à des attaques partout dans la région, sauf au coeur de la ville" surtout "avec les impressionnantes mesures sécuritaires". "Les forces de l'ordre ont quadrillé les lieux du drame" et "de nombreux commerces sont restés fermés".
Les lieux des attentats sont "bouclés par les forces de sécurité qui ratissent la ville "afin de la sécuriser", a confié à l'AFP une source sécuritaire
Selon les réseaux sociaux, "trois explosions" ont été entendues "aux environs de 22 heures (21 heures GMT) à Diffa Koura", un vieux quartier de la ville.
Ces attaques surviennent alors que le président nigérien Mahamadou Issoufou a entamé lundi une tournée européenne qui l'a conduit à Paris lundi et à Bruxelles mardi.
Plusieurs mois d'accalmie
Elles interviennent après plusieurs mois d'accalmie dans la région de Diffa, théâtre depuis février 2015 de nombreuses attaques du groupe islamiste Boko Haram basé dans le nord-est du Nigeria voisin.
Fin avril, Niamey avait annoncé une opération militaire régionale d'envergure dans le bassin du lac Tchad (commun au Niger, au Tchad, au Nigeria et au Cameroun) pour débarrasser la zone des "résidus" de Boko Haram.
Cette opération devait permettre "d'installer nos systèmes de sécurité" et de favoriser le retour de milliers de personnes ayant fui depuis 2015 les îles du lac Tchad, avait déclaré le ministre nigérien de la Défense, Kalla Moutari, en jugeant que, même "totalement affaibli", Boko Haram continuait de représenter "une menace réelle".
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Depuis 2009, le conflit provoqué par Boko Haram a conduit au déplacement de 2,4 millions de personnes dans le nord du Nigeria ainsi qu'au Cameroun, au Tchad et au Niger, selon le Haut-commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR). Fin janvier 2018, le HCR a lancé un appel de fonds de 157 millions de dollars (127 millions d'euros) pour venir en aide aux réfugiés déracinés par les violences de Boko Haram dans la région du lac Tchad.
Sur le plan économique, le conflit avec Boko Haram dans la région de Diffa retarde notamment la construction d'un oléoduc pour exporter vers le Cameroun, via le Tchad, le pétrole brut produit par le Niger. Niamey a récemment annoncé le début des travaux pour fin 2018.
En plus des attaques de Boko Haram dans le sud-est, le Niger doit faire face aux attaques récurrentes des islamistes de groupes sahéliens dans le nord et dans l'ouest.
Avec AFP