Ce dimanche matin, dans une cour fermée à la sortie ouest de la ville d’Agadez, la plupart des près de 900 migrants rapatriés d’Algérie sont encore sous le choc.
"On m’a réveillé avec mon pyjama et c’est comme ça que nous nous sommes retrouvés ici. Je suis complètement foutu et je n’ai rien d’autres", se plaint Chantal Mabiala, Congolaise de 35 ans.
"C’était pénible. Là où je suis, je n’ai même pas un rond. Tout mon argent en Euros est resté là-bas. Pourquoi devraient-ils le prendre ? " ajoute Kanga Kouassi Philippe, Ivoirien de 46 ans.
Comme eux, d’autres migrants refoulés évoquent également les conditions horribles dans lesquelles ils ont été traités avant l’expulsion.
"Je me demande si ce sont les Algériens ou c’est nous-mêmes qui sommes méchants. On n’a même pas prévu de nappes pour nous. C’est comme si nous étions plus que des criminels. Nous sommes gardés par la police. Nous ne pouvons même pas sortir. Même tous les besoins naturels comme aller à la toilette, nous sommes obligés de le faire en présence des enfants et tous les membres de la famille. Moi, je ne traite même pas mon chien comme ça chez moi ", dénonce Kangamana.
"Moi je suis enceinte. Quel suivi j’ai ici, je ne sais pas. Regardez là où une femme enceinte peut dormir… dans l’insalubrité totale. Sortir pour trouver de quoi manger c’est impossible parce que nous sommes gardés comme des rats. Nous sommes en Afrique noire pourquoi nous traite-t-on comme ça ici aussi. Il n’y a pas que l’Algérie, il y a le Niger aussi ", renchérit Elvis.
Sur ces conditions de transit, le président du conseil régional des élus d’Agadez, Mohamed Anako s’explique.
"Il n’y a pas un cadre qui est créé pour recevoir les migrants refoulés. Normalement l’OIM qui est un grand centre au niveau de la sous-région, doit accueillir ces gens-là ", soutient M. Anako.
Mais depuis trois jours qu’ils sont là, ils se sentent davantage humiliés que lorsqu’ils étaient traqués en terre algérienne pour être rapatriés.
Depuis le 12 décembre, ces expulsés sont acheminés à Niamey où des véhicules les attendent pour ramener chacun dans son pays d’origine.