"On parle de près de 63 milliards FCA de manque à gagner (pour l'Etat). Il est essentiel d'aller faire cette dénonciation au niveau du procureur pour que ce dossier là ne puisse pas être enterré", a déclaré à l'AFP, Ali Idrissa, responsable du Réseau nigérien pour la transparence et l'analyse budgétaire (Rotab), une des ONG à l'origine de cette plainte, déposée mercredi.
Le 19 avril dernier, la Cour des comptes du Niger avait remis son rapport 2021 au président nigérien Mohamed Bazoum, dans lequel elle a passé au crible la gestion des services, entreprises publiques, collectivités territoriales et projets financés par des bailleurs étrangers.
Le rapport consulté par l'AFP révèle des surfacturations, des dépenses sans base légale, l'absence de pièces justificatives pour des achats de matériels ou la construction d'infrastructures, de fausses mises en concurrence dans les marchés publics ou "l’octroi d’avantages indus" à des responsables.
Des achats d'équipements dans le cadre de la lutte contre le Covid-19 ont par exemple été effectués à des "coûts non raisonnables".
Pour se justifier devant la Cour, le ministère nigérien de la Santé publique, chargé de la gestion du Covid-19, a notamment mis en avant notamment "la demande nettement supérieure à l'offre dans un climat de panique générale où les pays n'étaient pas en position d'imposer aux fournisseurs un quelconque conformisme de prix".
Le président Bazoum qui a fait de la lutte contre la corruption une de ses principales priorités, avait appelé lors de sa prise de fonction en avril 2021 différents acteurs de la société, dont les ONG, à l'aider dans ce domaine.
Il a récemment indiqué qu'"une trentaine de hauts cadres de l’Etat, coupables de malversation ou détournement, croupissent actuellement en prison et y resteront longtemps".
Le ministre nigérien de la Communication, Mahamadou Zada, a été écroué pour son implication présumée dans une affaire de détournement de trois milliards de FCFA (plus de 4,5 millions d'euros) lorsqu'il dirigeait une entreprise publique entre 2013 et 2021.
En 2020, une affaire de surfacturations d'achats et de livraisons non effectuées d'équipements militaires, pour un montant de 39,4 milliards de FCFA (59,4 millions d'euros), avait déjà fait grand bruit au Niger.
Un procès sur cette affaire doit se tenir à une date non encore fixée.