Les rebelles des Niger Delta Greenland Justice Mandate (Militants pour une justice sur les terres vertes du Delta - NDGJM), un groupe qui a vu le jour le 9 août, ont déclaré dans un communiqué avoir attaqué un oléoduc de la Compagnie nationale nigériane des hydrocarbures (NPDC) dans la nuit de lundi à mardi.
"Les NDGJM ont détruit l'axe d'approvisionnement (en pétrole) de Ogo-Oteri", dans le Sud, ont écrit les militants, se félicitant de leur "bon travail".
Un officier de sécurité de l'Etat du Delta a confirmé cette attaque à l'AFP, déclarant qu'il ne pouvait pas "donner de détails pour l'instant car l'enquête est toujours en cours."
Les NDGJM ont fait savoir qu'ils ne reconnaissaient pas le cessez-le-feu et les propositions de négociations avec le gouvernement fédéral, annoncés par un groupe adverse, les Vengeurs du Delta (NDA), la semaine dernière.
Ils refusent toujours la présence de l'armée dans les mangroves du Delta du Niger, déployée au sein de l'opération "Sourire de crocodile" (Crocodile Smile).
"Les NDGJM ne vont plus rester les bras croisés, pendant que notre peuple est agressé par les militaires dans différents endroits de la région" du Delta, menace le groupe.
"Ce sera oeil pour oeil, dent pour dent désormais. A chaque atrocité commise pas l'armée dans les criques (…) les soldats auront face à eux les NDGJM."
- Opération 'Sourire de crocodile' -
La semaine dernière l'armée nigériane a lancé l'opération Sourire de Crocodile près de la ville pétrolière de Warri. Elle a annoncé avoir tué cinq militants samedi dernier et en avoir arrêté 23 autres dans un raid.
Un programme d'amnistie avait été signé en 2009 avec un premier groupe de militants (Mend) revendiquant une meilleure répartition de la manne pétrolière et était parvenu à réintroduire la paix dans le Delta du Niger en échange de grandes contreparties financières.
Mais l'annonce par le nouveau gouvernement de Muhammadu Buhari d'une fin de ce programme pour 2018 a coïncidé avec la résurgence des attaques en début d'année.
A cause des attaques, la production de pétrole, qui représente 70% des recettes de l'Etat nigérian, a diminué de 21,5% par rapport à janvier, selon les chiffres de l'Opep pour juillet, et le Nigeria a perdu au profit de l'Angola sa place de premier exportateur de brut d'Afrique.
Les Vengeurs du Delta (NDA), groupe plus important, ont revendiqué la plupart des sabotages sophistiqués perpétrés contre la compagnie pétrolière nationale NNPC, ainsi que contre des installations de sociétés étrangères off-shore comme Shell, Chevron et Eni depuis le début de l'année.
L'attention est désormais portée sur la réponse sécuritaire du gouvernement, le président Buhari ayant menacé dimanche de "traiter les militants comme on a traité les combattants de Boko Haram", le groupe islamiste qui sévit dans le Nord-Est du Nigeria, s'ils refusent de se joindre à la table des négociations.
Les experts ont mis en garde contre une réponse uniquement militaire, qui pourrait créer des tensions dans cette région aux aspirations indépendantistes.
Les Vengeurs du Delta et les NDGJM demandent une meilleure répartition des revenus pétroliers, un meilleur développement des infrastructures et des retombées économiques plus importantes dans la région de production.
Avec AFP