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Nigeria : des rebelles ont fait exploser une plateforme du groupe pétrolier Chevron


Des installations pétrolières de Chevron en construction à Escravos, 56 miles de Warri, dans la région du delta du Niger, au Nigeria, 17 août 2010. epa/ GEORGE Esiri
Des installations pétrolières de Chevron en construction à Escravos, 56 miles de Warri, dans la région du delta du Niger, au Nigeria, 17 août 2010. epa/ GEORGE Esiri

Un groupe rebelle inconnu jusqu'ici a revendiqué l'explosion d'une installation offshore du groupe pétrolier américain Chevron dans le delta du Niger, au sud du Nigeria, laissant craindre une nouvelle flambée de violences dans cette région d'où provient la quasi-totalité du pétrole du premier producteur d'Afrique.

Les attaques contre les installations pétrolières sont en hausse au Nigeria depuis que les autorités ont ordonné, en janvier, l'arrestation de l'ancien chef rebelle Tompolo pour corruption. En outre, la perspective de la fin, en 2018, d'un programme d'amnistie mis en place en 2009, a ravivé les tensions.

"L'installation Chevron a été attaquée mercredi soir" au large de la ville de Warri, dans l'Etat de Delta, a déclaré vendredi à l'AFP le porte-parole de la Marine Chris Ezekobe. "Des rebelles ont utilisé des explosifs pour faire sauter la plateforme Okan, une installation qui sert à la collecte du pétrole et du gaz destinés au terminal Escravos", a-t-il ajouté.

Ce responsable ignore combien de personnes se trouvaient sur la plateforme au moment de l'explosion qui n'a fait, selon lui, aucune victime.

Chevron Nigeria Limited (CNL), la filiale nigériane de Chevron (en partenariat avec la compagnie nationale NNPC), a confirmé dans un communiqué que son installation avait été attaquée mercredi à 23H15 (22H15 GMT).

"L'installation est fermée pour l'instant, le temps d'évaluer les dégâts", a déclaré la compagnie, qui assure déployer tous les moyens nécessaires pour contenir la fuite sans toutefois en préciser l'ampleur.

Un employé de Chevron, sous couvert d'anonymat, a toutefois confié que l'attaque pourrait affecter la production électrique, dans un pays où les coupures sont déjà quotidiennes.

La Marine nationale, ainsi que les autres forces de sécurité, traquent les coupables, a assuré M. Ezekobe. "Un groupe, dont nous n'avions jusqu'à présent jamais entendu parlé, Les Vengeurs du Delta du Niger, a revendiqué" l'attaque, a-t-il poursuivi.

"Nous ne pouvons cependant pas exclure l'implication d'anciens chefs rebelles, dont Tompolo, actuellement recherché et poursuivi pour fraude", a-t-il toutefois nuancé.

Fin annoncée de l'amnistie

Tompolo, de son vrai nom Government Ekpemupolo, est l'un des chefs rebelles les plus connus du Mouvement pour l'émancipation du Delta du Niger (MEND). Il est poursuivi pour vol, détournement et blanchiment d'argent, à hauteur de centaines de millions de dollars.

Plusieurs de ses biens, notamment une villa, un bateau, un chantier naval et une école de plongée dans le delta du Niger, ont été saisis pour le forcer à se rendre, ce qu'il n'a pas fait pour l'instant.

Le groupe des "Vengeurs du Delta du Niger" est censé réunir des supporters de Tompolo, mais ce dernier a jusqu'ici nié avoir des liens avec cette nouvelle organisation.

Le MEND, qui militait pour une meilleure répartition des ressources en hydrocarbures, a mené de nombreuses attaques contre des installations pétrolières et des enlèvements de travailleurs du secteur au début des années 2000. Par ailleurs, dans cette même zone du delta du Niger, les enlèvements crapuleux contre rançon ont toujours été monnaie courante, sur terre comme sur mer, et eux n'ont jamais cessé.

La plupart des habitants de cette région vivent dans une pauvreté extrême, alors que l'industrie pétrolière a dégagé des milliards de dollars de bénéfices depuis la découverte de gisements dans les années 1950.

Les autorités nigérianes avaient finalement réussi à mettre fin aux violences en 2009, par le biais d'une amnistie: quelque 30.000 rebelles ont bénéficié de ce programme, déposant leurs armes en échange d'une aide à la formation et à la reconversion.

Lors de sa prise de fonction en mai 2015, le président Muhammadu Buhari avait laissé planer le doute sur l'avenir de ce système d'amnistie auquel il disait vouloir peu à peu mettre fin.

Un des porte-parole du programme a finalement annoncé, le mois dernier, que ce programme prendrait fin en 2018, date à laquelle les anciens rebelles redeviendraient "des citoyens égaux devant la loi".

La plupart sont censés avoir terminé, d'ici là, leur formation universitaire ou professionnelle. Mais nombre d'entre eux, notamment ceux partis étudier à l'étranger, se plaignent déjà de ne plus recevoir leur bourse mensuelle.

Depuis le milieu de l'année 2014, l'économie du Nigeria traverse une grave crise liée à la chute des prix du pétrole, qui a fait chuter les revenus et augmenter l'inflation.

Le budget fédéral accordé au programme d'amnistie était de 64 milliards de nairas en 2015 (285 millions d'euros), mais a été réduit cette année à 20 milliards de nairas (90 millions d'euros).

Avec AFP

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