Le leader indépendantiste biafrais Nnamdi Kanu a été inculpé de nouvelles charges par un tribunal nigérian, alors qu'une autre cour avait ordonné sa libération la semaine dernière, a appris l'AFP mercredi 23 décembre de source judiciaire.
Nnamdi Kanu est un des fondateurs du groupe interdit Peuple indigène du Biafra (IPOB) et le directeur de Radio Biafra. Son mouvement réclame l'indépendance du Biafra, région déshéritée du sud-est du Nigeria, théâtre d'une guerre civile meurtrière il y a un demi-siècle.
Il est détenu par les services secrets depuis octobre.
"Kanu et deux autres (militants) ont été inculpés de nouvelles charges", dont de nouveau celle d'"appartenance à une organisation illégale". "Ils n'étaient pas présents devant la cour mardi quand l'affaire a été entendue", a déclaré à l'AFP la source judiciaire.
La date de la prochaine comparution n'a pas été fixée.
Le 16 décembre, un tribunal d'Abuja avait prononcé un non-lieu en faveur de Nnamdi Kanu, le relaxant des charges de "conspiration" et "appartenance à une organisation illégale".
Les services secrets le gardent en détention
La Haute-cour fédérale d'Abuja avait ordonné le lendemain sa libération, constatant "qu'aucune charge" n'était plus retenue contre lui, l'enquête des services secrets pour "terrorisme" et "financement d'organisation terroriste" n'ayant débouché sur aucune charge. Mais les services secrets ne l'avaient pas relâché.
L'arrestation de Nnamdi Kanu en octobre avait provoqué une vague de protestations au Biafra où le peuple igbo est majoritaire, ainsi que dans d'autres régions du Nigeria, notamment à Lagos, entraînant des heurts violents avec les forces de l'ordre.
Alors qu'ils célébraient l'annonce de sa libération jeudi dernier, cinq militants indépendantistes biafrais avaient été tués par les forces de l'ordre dans le sud du pays.
La sécession du Biafra, sept ans après l'indépendance du Nigeria, avait débouché sur un conflit féroce de trois ans (1967-70) et la mort d'environ un million de personnes, beaucoup ayant succombé à la maladie et à la famine.
Avec AFP