Toutefois, les ultra-conservateurs éreintent déjà ce compromis. Et le président Donald Trump acceptera-t-il une fraction du budget qu'il réclame pour construire un mur à la frontière avec le Mexique?
Il n'y a pas de temps à perdre.
Washington a jusqu'à vendredi minuit pour éviter une nouvelle impasse qui conduirait à l'asséchement soudain des budgets, ou "shutdown", de 25% des administrations fédérales américaines.
Au Congrès, l'appétit est grand chez les chefs républicains comme démocrates pour trouver une solution.
Les Etats-Unis sont encore sous le choc du plus long "shutdown" de leur histoire, lorsque 800.000 fonctionnaires ont été placés au chômage forcé ou ont travaillé sans salaire pendant 35 jours, jusqu'au 25 janvier.
Sans compter les nombreux contractuels qui, eux, n'ont pas touché leur paye rétroactivement. Difficile pour les parlementaires de précipiter de nouveau leurs électeurs dans cette tourmente.
Annoncé lundi soir par des élus des deux bords mandatés pour négocier, l'accord prévoit 1,3 milliard de dollars notamment pour construire environ 90 km de nouvelles barrières à la frontière avec le Mexique afin de lutter contre l'immigration clandestine... loin des exigences du président américain, qui réclame près de six milliards.
Pour entrer en vigueur, cet accord doit encore être mis sur papier dans un projet de loi puis adopté par la Chambre des représentants, à majorité démocrate, ainsi que par le Sénat, contrôlé par les républicains, avant d'être promulgué par le républicain Donald Trump.
Un calendrier serré mais réalisable si la volonté politique y est.
Le chef de la minorité démocrate au Sénat Chuck Schumer a dit mardi espérer que cet accord permettra d'"épargner au pays un autre cauchemar, avec des employés au chômage forcé, des aéroports ralentis et des souffrances économiques".
Mais le mot "compromis" n'est pas au goût de tous à Washington.
- "Compromis pourri" -
Le chef républicain du Sénat Mitch McConnell semble favorable à cet accord, saluant son annonce comme une "bonne nouvelle" mardi matin dans l'hémicycle. "J'ai hâte d'examiner le texte complet aussi vite que possible et j'espère que le Sénat pourra agir sur cette mesure sous peu".
Ses mots sont importants puisqu'il a refusé, pendant toute la durée du long "shutdown", de soumettre toute loi à un vote sans l'assurance que Donald Trump le signerait. Il avait été échaudé par un brusque revirement du président sur un premier accord budgétaire.
Un texte de compromis avait en effet été approuvé au Sénat en décembre, apparemment avec la garantie qu'il satisfaisait Donald Trump... jusqu'à ce que les voix indignées d'ultra-conservateurs poussent le président à faire volte-face.
Or, à en croire les premières réactions, les mêmes commentateurs et élus ultra-conservateurs n'apprécient pas du tout l'accord annoncé lundi soir.
Un "compromis pourri", a tancé le présentateur de Fox News, Sean Hannity, qui a l'oreille du président.
Cet accord "n'est pas une tentative sérieuse de sécuriser notre frontière ou d'arrêter le flot d'immigration illégale", a jugé l'élu de la Chambre, Mark Meadows, membre influent du Tea Party.
En coulisses, les négociateurs républicains insistent sur le fait que les nouveaux fonds impartis pourront financer "un mur frontalier", tandis que les démocrates préfèrent toujours parler de "barrière".
Un jeu sémantique qui n'est pas anodin puisque renoncer à son "mur" reviendrait, pour Donald Trump, à perdre la face devant sa base électorale sur sa grande promesse de campagne présidentielle en 2016, alors qu'il vise sa réélection en 2020.
Après 35 jours de bras de fer avec les démocrates, le milliardaire a déjà cédé une fois fin janvier en signant la loi budgétaire temporaire qui est valide jusqu'à vendredi, et qui ne comprend pas de financement pour le mur.
Une nouvelle reculade serait très embarrassante. Mais le président se réserve une possible porte de sortie.
Depuis plusieurs semaines, la Maison Blanche brandit la menace d'un recours à une procédure d'urgence exceptionnelle pour débloquer les fonds nécessaires sans passer par le Congrès.
Mais conscient qu'une telle initiative, qui ne fait pas l'unanimité dans son camp, ne manquerait pas de déclencher une féroce bataille politico-judiciaire, le président Trump s'est jusqu'ici gardé de franchir le pas.