Sous la surveillance d'un important dispositif policier, l'évacuation des migrants, essentiellement soudanais, érythréens et afghans, s'est déroulée dans le calme. Ils étaient installés depuis environ trois semaines dans des tentes et sur des matelas, au milieu de détritus, sous une ligne de métro aérien près de la place de la Bataille de Stalingrad.
Bien avant le début de l'évacuation menée par les services de l'Etat, la ville de Paris et la préfecture de police, les migrants, parfois avec un sac contenant leurs maigres possessions, attendaient les bus devant les emmener vers des hébergements, en région parisienne ou en province.
Cette évacuation a "permis la prise en charge de 985 migrants et la résorption complète du campement", ont indiqué dans un communiqué le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve et la maire de Paris Anne Hidalgo.
"Je ne sais pas où on va, mais ce sera toujours mieux qu'ici", explique dans un mauvais anglais Ahmed, un Afghan qui a fui "la guerre et les talibans", venu il y a quelques jours de Calais.
Il leur a été proposé un hébergement d'urgence, qui "sera assuré le temps de leur permettre de bénéficier d'une nouvelle information" sur les démarches à accomplir "s'ils souhaitent demander l'asile en France", selon le communiqué.
"Je n'ai pas dormi de la nuit pour être sûr qu'ils m'emmènent d'ici", assure un Malien, s'apprêtant à monter dans les bus.
Ce campement avait été évacué une première fois le 7 mars. Près de 400 personnes avaient alors été mises à l'abri, mais il s'était reconstitué quelques jours plus tard.
"Le rythme s'accélère, je pense qu'il y a un déport important de gens qui étaient à Calais et qui viennent à Paris", a estimé Sophie Brocas, secrétaire générale de la préfecture de la région parisienne, évoquant le démantèlement récent d'une partie de la "Jungle" de Calais.
Cette opération est la dix-neuvième organisée à Paris depuis le 2 juin 2015.
"Au total, plus de 6 500 migrants présents sur le territoire parisien ont ainsi été hébergés dans le cadre des dispositifs de l'Etat", selon les autorités.
L'Europe est en proie à des flux migratoires sans précédent. Même si elle n'est pas en première ligne des flux migratoires, la France a connu depuis un an des arrivées importantes d'exilés, en provenance de la corne de l'Afrique, de Syrie, d'Irak et d'Afghanistan, dont beaucoup cherchent à gagner la Grande-Bretagne.
Pour tenter d'endiguer ces flux, l'Union européenne vient de passer un accord très contesté avec Ankara, prévoyant le renvoi systématique en Turquie des migrants arrivés en Europe depuis le 20 mars.
Avec AFP