L'objectif de ce nouvel assaut est la reconquête totale de la ville de Qayyarah, une position clé sur le chemin de la cité septentrionale de Mossoul, à une soixantaine de km plus au nord, selon des sources militaires.
Alors que les opérations se multiplient en vue de resserrer l'étau autour de l'EI avant de lancer la bataille de Mossoul, l'ONU a averti qu'une offensive contre cette deuxième ville d'Irak pourrait provoquer le pire déplacement de population depuis des années.
Avec Mossoul en ligne de mire, les troupes fédérales et les forces de la région autonome irakienne du Kurdistan mènent depuis des mois des opérations pour reprendre du terrain à l'EI au nord et au sud de ce chef-lieu de la province de Ninive.
Mardi, les forces armées aidées des services du contre-terrorisme (CTS) ont lancé à l'aube l'assaut pour reprendre Qayyarah, a déclaré à l'AFP le général Firas Bachar, porte-parole du commandement des opérations dans la province de Ninive.
L'offensive bénéficie du soutien aérien de la coalition internationale sous commandement américain et "atteint actuellement ses objectifs", a dit Sabah al-Nomane, porte-parole du CTS. "Qayyarah sera nettoyée et l'opération rapidement terminée, ce qui renforcera nos plans pour la bataille finale visant à libérer Mossoul".
Le maire de Qayyarah, Saleh al-Joubouri, a précisé que les forces irakiennes étaient entrées dans la ville où elles ont pris les principaux sites. "La plupart des combattants de Daech (acronyme arabe de l'EI) ont été tués ou ont fui".
- 'Le pire est encore à venir' -
Selon M. Nomane, des habitants armés à l'intérieur de Qayyarah ont collaboré avec les forces irakiennes, une démarche rare.
Quelque 15.000 civils sont pris au piège de l'EI dans et autour de Qayyarah, a dit le maire, en soulignant qu'une aide était prête à être livrée aux habitants "dès la libération totale" de la ville.
A la faveur d'une offensive mi-août, les forces kurdes irakiennes avaient pris, avec également l'aide de l'aviation américaine, dix villages à l'EI situés à 40 km de Mossoul.
Le colonel américain Chris Garver, porte-parole de la coalition basée à Bagdad, avait alors souligné que ces opérations étaient en préparation d'une offensive majeure pour reprendre Mossoul, la capitale de facto de l'EI en Irak.
Mais sa reconquête s'annonce comme une opération complexe susceptible de provoquer une importante crise humanitaire.
Le Haut commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR) a averti qu'une telle offensive pourrait provoquer le déplacement d'un million de personnes supplémentaires.
"Le pire est encore à venir", a dit le représentant du HCR en Irak, Bruno Geddo, dans un communiqué. "Selon nos prévisions, cela pourrait entraîner des déplacements massifs à une échelle inédite dans le monde depuis de nombreuses années".
L'ONU ne sait pas combien de personnes vivent à Mossoul, mais "jusqu'à 1,2 million de personnes pourraient être affectées", a indiqué un porte-parole du HCR, Adrian Edwards.
Ils viendront s'ajouter aux quelque 3,4 millions de personnes déplacées en Irak depuis janvier 2014, date à laquelle l'EI avait conquis la ville de Fallouja, à l'ouest de Bagdad reprise en juin par le pouvoir irakien.
- Davantage de cohésion -
L'EI a perdu du terrain en Irak, ainsi qu'en Syrie voisine, après les offensives menées par différentes forces antijihadistes soutenues principalement par les Etats-Unis qui ont promis de détruire ce groupe extrémiste responsable d'atrocités et d'attentats meurtriers sur plusieurs continents.
Le Premier ministre Haider al-Abadi a promis que le pays serait débarrassé de l'EI fin 2016.
Mais les responsables américains, qui se sont succédé en Irak pour discuter de l'offensive de Mossoul, sont eux plus prudents.
L'envoyé spécial de la Maison blanche auprès de la coalition anti-EI, Brett McGurk, a appelé les politiciens irakiens à s'unir et à davantage de cohésion avant le lancement de la bataille de Mossoul, alors que le pays est plongé dans une crise politique marquée par des multiples querelles entre ses responsables.
L'EI, qui s'était emparé en juin de vastes pans du territoire au nord et à l'ouest de Bagdad, a certainement perdu du terrain mais parvient toujours à frapper avec des attentats particulièrement sanglants.
Avec AFP