Plus de 30 Palestiniens ont été blessés vendredi par des tirs de soldats israéliens à balles réelles et de grenades lacrymogène, selon le ministère de la Santé à Gaza. L'un des blessés a été atteint à la tête.
Lors des manifestations des deux derniers vendredis, des dizaines de milliers de Gazaouis s'étaient rassemblés le long de la frontière. Vendredi à la mi-journée, le nombre de manifestants était moindre que celui des vendredis précédents.
Dans la zone des affrontements, l'air était en revanche saturé de gaz lacrymogène et de nuages de fumée noire s'élevant des pneus enflammés, ont constaté des journalistes de l'AFP.
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L'armée a affirmé dans un communiqué que des manifestants avaient tenté "d'endommager ou de faire une brèche" dans la clôture le long de la frontière et avaient lancé des cocktails Molotov et un "engin explosif".
Les manifestants ont aussi tenté de retirer du fil barbelé placé par les forces israéliennes pour les éloigner de la clôture, a rapporté un journaliste de l'AFP.
Des dizaines de drapeaux israéliens ont été brûlés à Jabalia dans le nord de la bande de Gaza. Dans le sud de l'enclave palestinienne, près de Khan Younès, les manifestants ont brûlé des photos du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, du président américain Donald Trump et du prince héritier saoudien Mohammed ben Salman, qu'ils considèrent comme proche d'Israël.
Les protestations, commencées le 30 mars, posent un défi aux forces israéliennes, qui ont rejeté les critiques sur leur recours à des balles réelles, en expliquant que les consignes de tirs ne changeraient pas.
Baptisé "la marche du retour", le mouvement de protestation palestinien a été lancé le 30 mars. Il prévoit des rassemblements et campements durant six semaines près de la frontière pour réclamer "le droit au retour" de quelque 700.000 Palestiniens chassés de leurs terres ou ayant fui lors de la guerre qui a suivi la création d'Israël le 14 mai 1948.
Ce mouvement est censé être pacifique mais des groupes de jeunes Palestiniens s'approchent de la frontière où sont postés les soldats israéliens.
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"C'est mon droit"
Dans le nord de la bande de Gaza, Soumaya Abou Awad, 36 ans, participe à la manifestation avec ses enfants.
"Je viens de Hiribya et c'est mon droit d'y retourner", dit-elle, en allusion à un village au nord de la bande de Gaza, détruit au moment de la guerre de 1948 à l'issue de laquelle fut créé Israël. "Je n'ai pas peur de mourir parce que de toute façon il n'y a pas de vie à Gaza".
Depuis le 30 mars, 33 Palestiniens ont été tués et des centaines blessés par l'armée israélienne, selon les secours à Gaza.
L'Etat hébreu a affirmé que les manifestations sont l’occasion de tentatives d'attaques, d'infiltration en Israël et de sabotage de la clôture et s'est engagé à stopper ces tentatives.
Mais les Palestiniens disent que les manifestants sont abattus alors qu'ils ne posent aucune menace pour les soldats.
Ouverture de la frontière
Parmi les Palestiniens tués vendredi dernier figurent le journaliste Yasser Mourtaja qui, selon des témoins, portait un gilet l'identifiant comme journaliste quand les soldats lui ont tiré dessus.
Israël a affirmé qu'il s'agissait d'un membre du Hamas, mouvement islamiste au pouvoir à Gaza et ennemi juré de l'Etat hébreu, mais sans donner de preuve.
Des groupes de défense des droits de l'Homme ont vivement critiqué les forces israéliennes, en mettant en évidence les images, non vérifiées, de vidéos qui se sont propagées sur internet montrant des soldats tirant sur des manifestants.
Dans un communiqué publié vendredi, Amnesty International a exigé que les autorités israéliennes "mettent immédiatement fin à l'utilisation excessive et meurtrière de la force".
Les responsables du Hamas ont indiqué qu'ils comptaient maintenir la mobilisation jusqu'au 14 mai, date prévue pour le transfert de l'ambassade des Etats-Unis à Jérusalem.
Cette relocalisation a profondément irrité les Palestiniens, qui considèrent la partie orientale de Jérusalem annexée par Israël comme la capitale de l'Etat auquel ils aspirent.
Les manifestations doivent officiellement prendre fin mi-mai, lorsque les Palestiniens célèbreront la Nakba, ou "catastrophe" que fut pour eux la création de l'Etat d'Israël.
La bande de Gaza est soumise à un blocus israélien depuis plus de 10 ans, tandis que sa frontière avec l'Egypte a été la plupart du temps fermée ces dernières années. Jeudi, l'Egypte a ouvert jusqu'à samedi son point de passage avec l'enclave palestinienne.
Avec Afp