WASHINGTON (Reuters) - Barack Obama a invité mardi la majorité républicaine du Congrès américain à remiser "le schéma éculé" d'une politique de la confrontation, l'invitant à soutenir ses efforts visant à améliorer le sort des classes moyennes, via un relèvement de la fiscalité sur les plus riches et des accords commerciaux.
"Et si nous faisions quelque chose de différent? Une meilleure politique où l'on se préoccupe de la dignité élémentaire de chacun d'entre nous et pas de nos peurs primaires", a dit le président américain lors de son discours annuel sur l'état de l'Union.
S'adressant au Congrès pour la première fois depuis que les républicains se sont emparés du Sénat lors des élections de mi-mandat de novembre, Barack Obama a clairement laissé entendre qu'il ne se laisserait pas faire par ses opposants en politique, les exhortant à participer à un débat sur l'avenir "sans que nous ne nous diabolisions".
Nombre de propositions énumérées dans le discours télévisé Barack Obama, si elles sont plébiscitées par beaucoup d'Américains, risquent toutefois de ne pas voir le jour étant donné l'opposition républicaine.
Le président américain a revendiqué le rebond de l'économie américaine, avec un taux de chômage revenu à 5,6%, ajoutant que le moment était venu de "tourner la page" de la récession et des guerres.
Le président américain a proposé aux élus du Congrès, majoritairement républicain depuis novembre, 320 milliards de dollars (276 milliards d'euros) de hausses d'impôts sur 10 ans, visant en particulier les plus aisés et la finance.
Le Grand Old Party n'a pas l'intention d'accepter la moindre hausse d'impôt et il entend au contraire combattre les projets de la Maison blanche.
"Ce plan (...) semble davantage axé sur la redistribution, non sans compliquer les choses, et sur la lutte des classes, la promotion des créations d'emploi dans les petites entreprises, que sur la réforme fiscale", a déclaré le sénateur républicain Orrin Hatch, chargé des questions fiscales au Sénat.
Barack Obama entend de son côté soutenir ceux qui n'ont pas pu monter dans le wagon de la reprise économique après la crise financière de 2008.
"Maintenant que la crise financière est derrière nous, (...) comment faire en sorte que tout le monde profite de cette économie en croissance", demande le président américain dans une vidéo publiée sur YouTube.
REGAIN DE POPULARITÉ
Des études d'opinion montrent un rebond de la popularité du président, avec notamment près d'un Américain sur deux qui approuve sa politique économique, un niveau sans précédent depuis son arrivée dans le bureau ovale.
Certains responsables de la Maison blanche veulent croire que les républicains, qui doivent eux aussi se pencher sur le sort de la classe moyenne et montrer qu'ils sont capables de gouverner, seront à même de faire des compromis sur certains aspects du projet présidentiel.
"Si les républicains ont d'autres idées sur les classes moyennes, allons-y. Pour l'instant, nous n'avons rien entendu de tel, mais nous sommes ouverts au débat", a déclaré Denis McDonough, secrétaire général de la Maison blanche dans un entretien accordé à NBC.
Les propositions de Barack Obama sont en outre susceptibles de nourrir le débat parmi les prétendants à sa succession en 2016, une campagne qui vient à peine de commencer.
Les idées exposées ce mardi seront au programme de ses déplacements prévus mercredi dans les Etats de l'Idaho et du Kansas.
En matière de politique étrangère, Barack Obama a défendu sa décision, prise en novembre, de normaliser les relations des Etats-Unis avec Cuba, exhortant le Congrès à lever l'embargo économique imposé il y a 50 ans par Washington à La Havane.
Il a également invité les élus du Congrès à voter une nouveau texte autorisant l'usage de la force contre les militants de l'Etat islamique, tout en les priant de ne pas se précipiter pour prendre de nouvelles sanctions contre l'Iran liées au programme nucléaire du pays.
Plusieurs sénateurs veulent agir en ce sens au vu du peu de progrès constaté dans les discussions entre Téhéran et le Groupe des Six au sujet de ce programme. Mais toute nouvelle sanction imposée à l'Iran par le Congrès avant la fin des pourparlers est susceptible de "vouer la diplomatie à l'échec", a estimé Barack Obama.
Le président américain a dit s'être entretenu avec François Hollande pour évoquer à la fois l'enquête liée aux récents attentats meurtriers à Paris et la manière de favoriser la tenue d'élections pacifiques au Nigeria, pays sous la menace de Boko Haram.
Barack Obama a demandé au Congrès de lui conférer le pouvoir de négocier des accords de libre-échange. Des élus démocrates s'y disent opposés, redoutant que d'éventuels accords ne nuisent aux travailleurs américains.