"C'est irresponsable et, entre nous, cela ne montre pas (les qualités) de dirigeant et de fermeté que l'on attend d'un président", a déclaré M. Obama lors d'une conférence de presse à Washington avec le chef du gouvernement italien Matteo Renzi. "Vous commencez à pleurnicher alors que la partie n'est même pas terminée".
"Je n'ai jamais vu de ma vie, ou dans l'histoire politique moderne, un candidat à la présidentielle chercher à discréditer les élections et le processus électoral avant que le vote n'ait lieu. C'est sans précédent et ce n'est basé sur aucun fait", a insisté M. Obama.
"Je conseillerai à M. Trump d'arrêter de pleurnicher et d'essayer de défendre ses opinions pour obtenir des suffrages", a-t-il ajouté.
Le président américain a également critiqué le candidat républicain pour ses propos flatteurs sur le président russe Vladimir Poutine, là encore "sans précédent dans la politique américaine".
- Trump enflamme ses partisans -
Cette attaque est intervenue à la veille du dernier débat télévisé entre Donald Trump et Hillary Clinton. Le milliardaire républicain y arrive à la traîne dans les sondages, affaibli par les révélations sur son comportement déplacé envers les femmes.
Ce débat de 90 minutes aura lieu à l'université du Nevada à Las Vegas. Au programme : dette, immigration, économie, Cour suprême, les points chauds dans le monde, et la capacité de deux candidats à être président.
Comme à son habitude, Mme Clinton s'y est minutieusement préparée. Elle n'avait aucun événement public prévu lundi et mardi.
Comme à son habitude aussi, Donald Trump a continué à faire campagne, enflammant ses partisans, chaque jour plus agressif envers son adversaire démocrate et critiquant sans relâche une élection selon lui déjà truquée. Il avait encore deux meetings prévus mardi dans le Colorado.
"Les gens qui sont morts il y a dix ans votent encore, les immigrants clandestins votent", avait-il tonné lundi soir, dans un meeting à Green Bay dans le Wisconsin. "La fraude est très, très banale".
Une affirmation contredite par les experts et par certains élus républicains très mal à l'aise, mais qui fait mouche auprès de ses partisans, d'où l'attaque de M. Obama.
- Révélations gênantes pour Clinton -
Dans le climat particulièrement destructeur de cette campagne 2016, 41% des électeurs américains, et 73% des républicains pensent que l'élection pourrait effectivement être volée à Trump, selon un sondage Politico/Morning Consult.
M. Trump, qu'une dizaine femmes ont accusé d'avoir eu des gestes sexuels déplacés, parfois il y a très longtemps, continue à répéter qu'il ne s'agit que de "mensonges" fabriqués de toutes pièces.
Sa femme Melania est exceptionnellement sortie de son silence pour le défendre. Elle est revenue sur l'enregistrement désastreux de 2005, qui a fait surface le 8 octobre, dans lequel Trump affirmait qu'étant une star il pouvait faire ce qu'il voulait à une femme.
Selon Mme Trump, ces propos "de garçons" ne ressemblaient pas à son mari. "Il a été poussé par son hôte à dire des choses sales et mauvaises", a-t-elle déclaré sur CNN.
Melania Trump a aussi estimé mardi sur Fox que la succession d'accusations visant son mari était "organisée par l'opposition" démocrate, à mesure que l'élection se rapproche.
Cette fin de campagne aurait pu être facile pour Mme Clinton. Mais elle a aussi son lot de révélations gênantes : des milliers d'emails du président de sa campagne John Podesta ont été piratés par Wikileaks et sont publiés quasi chaque jour. Ils montrent les calculs de sa campagne, son extrême contrôle, ses liens avec Wall Street à travers ses discours payés dont certains ont été publiés.
Les sondages lui sont cependant de plus en plus favorables.
Mme Clinton est désormais à 45,9% contre 39% des intentions de vote au niveau national, selon une moyenne des derniers sondages. Et elle est en tête dans la plupart des Etats-clés où se jouera l'élection, à l'exception de l'Ohio, la Géorgie, l'Iowa et l'Arizona.
Dans ce dernier Etat, qui a voté républicain aux quatre dernières élections présidentielles, l'écart s'est cependant nettement réduit et les démocrates y enverront jeudi une arme de choc, la très populaire et dynamique Michelle Obama.
Avec AFP