Il y a un "consensus" au Conseil de sécurité sur "la nécessité d'adresser un message ferme aux parties maliennes quant à l'importance de mettre à profit les mois qui viennent pour progresser de manière significative dans la mise en oeuvre de l'accord de paix", a déclaré l'ambassadeur français François Delattre, après une réunion consacrée au Mali.
La France détient en octobre la présidence tournante du Conseil de sécurité et compte mettre l'accent tout au long du mois sur la situation au Sahel et la nécessité de soutenir la lutte régionale contre des groupes jihadistes.
Dans un rapport sur le Mali publié mardi, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres s'était dit "profondément préoccupé" par la "reprise de violents affrontements entre les groupes armés signataires de l'accord".
"Malheureusement, presque aucun progrès n'a été réalisé dans l'application de l'accord de paix et de réconciliation au Mali", avait-il ajouté.
Ces déclarations ont donné "l'impression d'un immobilisme généralisé dans la mise en oeuvre de l'accord de paix, malgré les efforts du gouvernement du Mali et de la communauté internationale", s'est insurgé jeudi Abdoulaye Diop, chef de la diplomatie malienne, lors d'une liaison vidéo avec le Conseil de sécurité.
"Le gouvernement du Mali reconnait, certes, les difficultés qui ont jalonné le processus de paix, mais estime que des progrès remarquables ont été enregistrés dans la mise en oeuvre de l'accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d'Alger", a-t-il ajouté.
Le ministre a notamment cité la tenue d'une conférence d'entente nationale et la mise sur pieds de commissions dans les domaines de l'intégration et de la démobilisation des membres de groupes armés, ainsi que des réformes institutionnelles et administratives dans différentes régions du pays.
"Le gouvernement du Mali reste déterminé à diligenter l'application de cet accord car nous sommes convaincus qu'il n'y a pas d'alternative crédible à cette voie pacifique de règlement durable de notre crise", a fait valoir M. Diop.
"Je comprends ici l'impatience du secrétaire général, des membres du Conseil, de nos autres partenaires pour les retards pris dans la mise en oeuvre de l'accord", a-t-il toutefois précisé, soulignant qu'ils étaient notamment dus à la détérioration de la situation sécuritaire au Mali.
Début septembre, le Conseil de sécurité avait adopté une résolution d'inspiration française créant, à la demande de Bamako, un régime général de sanctions pour les contrevenants à l'accord de paix de 2015.
Selon des diplomates, les quinze membres du Conseil n'ont toutefois pas évoqué jeudi de nouvelle étape dans ce processus répressif qui passerait par une identification précise d'entités ou d'individus soumis à des gels d'avoirs ou à des interdictions de voyager.
Lors de son intervention, le ministre malien des Affaires étrangères a souligné que le souhait de son pays était qu'il s'agisse, si elles étaient prises, de "sanctions justes, transparentes et équitables".
Au Mali, des zones entières continuent d'échapper au contrôle des forces maliennes et étrangères même si plusieurs groupes jihadistes ont été chassés du nord du pays par le lancement en 2013, à l'initiative de la France, d'une intervention militaire internationale qui est toujours en cours.
Déployée en juillet 2013, l'opération de l'ONU au Mali (Minusma) est la mission de l'Organisation la plus coûteuse en vies humaines depuis la Somalie (1993-1995), avec plus de 80 Casques bleus tués en opération. La Minusma compte quelque 13.000 hommes.
Jeudi, M. Diop a réclamé au Conseil de sécurité un renforcement des capacités opérationnelles de la Minusma et un soutien international accru aux unités maliennes et à la constitution d'une force militaire conjointe Sahel par cinq pays (Mali, Mauritanie, Niger, Tchad et Burkina Faso). De premières opérations antiterroristes par cette force G5-Sahel sont attendues en octobre.
Avec AFP