L'intervention, épaulée par des soldats de l'Union africaine (UA) remplacés ensuite par une force onusienne, a permis de stabiliser la situation sécuritaire, notamment à Bangui, sans réussir à pacifier l'ensemble du territoire. La France avait mobilisé quelque 2.500 soldats au plus fort des tensions.
En juin dernier, l'état-major des armées avait indiqué que Sangaris constituait "désormais une force de réserve tactique de 350 soldats au profit des 12.500 Casques bleus". Et en juillet, une nouvelle mission européenne d'entraînement et de formation de l'armée centrafricaine (EUTM-RCA) a été lancée.
Massacres intercommunautaires
Au matin du 5 décembre 2013, une explosion de haine embrase Bangui: des centaines de cadavres jonchent les rues.
Des miliciens anti-balaka (anti-machettes), infiltrés dans la capitale, ont lancé une vaste offensive dans plusieurs quartiers de la capitale, massacrant de nombreux civils musulmans et entraînant des représailles sanglantes des combattants Séléka contre la population.
Les multiples exactions commises par la rébellion Séléka à dominante musulmane contre les populations majoritairement chrétiennes ont débouché sur la création de ces milices d'autodéfense anti-balaka. Celles-ci s'en sont pris à leur tour aux civils musulmans, plongeant le pays dans une crise sécuritaire, humanitaire et politique.
Quelques heures plus tard, la France, intervenue plusieurs fois déjà dans son ancienne colonie depuis son indépendance en 1960, lance Sangaris. L'opération française "sera rapide", elle "n'a pas vocation à durer", annonce le président François Hollande.
Moins d'un an après la neutralisation de groupes armés jihadistes au Mali, débutée en janvier 2013, Paris engage ainsi de nouveau ses troupes sur le continent africain. La Centrafrique est ravagée par la violence et le chaos depuis le renversement en mars 2013 de François Bozizé par la Séléka, dirigée par Michel Djotodia.
Un déploiement en trois temps
L'opération Sangaris (du nom d'un petit papillon rouge) est lancée après le feu vert de l'ONU et avec l'aval de l'UA. Les 1.200 militaires ont pour mission de restaurer l'ordre et la sécurité, officiellement en appui d'une opération de l'UA (Misca). En réalité, ils sont en première ligne, celle-ci étant mal équipée, avec un commandement restant à mettre en place.
Dès le 7 décembre, Paris annonce que les soldats de Sangaris auront désormais pour mission prioritaire de mettre fin aux massacres et de "désarmer toutes les milices et groupes armés qui terrorisent les populations".
La première unité concentre son action sur la sécurisation de la capitale, qui abrite un tiers de la population totale (environ 4,5 millions d'habitants).
Entre février et septembre 2014, une unité de combat interarmes oriente ses opérations sur la sécurisation de l'axe routier reliant la capitale au Cameroun, dans l'Ouest. En avril, l'effort avait été porté sur l'Est.
En septembre, l'ONU prend le relais de la Misca avec la Minusca (Mission de l'ONU en République centrafricaine).
'Stabilité retrouvée'
Le 14 février 2016, Faustin-Archange Touadéra est élu à la tête du pays, après une transition chaotique.
Le 13 mai, François Hollande effectue une brève visite à Bangui, consacrée au désengagement des troupes françaises et à la reconstruction du pays. "(...) La transition a réussi, la stabilité a été retrouvée", affirme-t-il.
Mais les défis sécuritaires restent nombreux dans ce pays où tout est à reconstruire et où les groupes armés conservent leur pouvoir de nuisance. En province, des groupes d'ex-séléka sont toujours actifs et le désarmement des milices reste à faire.
Accusations de viols
La force Sangaris a été mise en cause dans des scandales d'abus sexuels, tout comme des Casques bleus de nombreux contingents.
Des enquêtes judiciaires sont en cours à Paris sur ces accusations de viols, d'abus ou d'exploitation sexuelle, notamment sur mineurs, ou de sévices physiques.
Avec AFP