Ce rassemblement sans précédent d'une centaine de délégués s'inscrit dans le cadre d'un processus diplomatique international censé amener opposition et régime syriens à la table des négociations pour mettre fin à un conflit qui, depuis 2011, a fait plus de 250 000 morts et poussé à l'exode des millions de personnes.
Les participants sont convenus, au premier jour de leurs discussions, de grands "principes" devant régir la gouvernance et la transition en Syrie, selon une source de la Coalition nationale, principale composante politique de l'opposition, basée à Istanbul.
Détourner la controverse autour du rôle d'Assad
Ils ont ainsi retenu le principe d'un "Etat civil et pluraliste" et convenu que "la transition politique relève de la responsabilité des Syriens", formule qui semble destinée à contourner la controverse autour du rôle du président Bachar al-Assad dans le processus politique.
Outre "l'attachement à l'intégrité territoriale de la Syrie", ils sont également d'accord sur "la préservation des structures de l'Etat, la restructuration des organes militaires et de sécurité, le refus du terrorisme et de la présence de combattants étrangers", a ajouté la même source, dont les propos ont été confirmés par un autre opposant.
Des combattants étrangers participent à la guerre en Syrie, du côté des rebelles comme du côté des forces gouvernementales.
A Ryad, les opposants ont en outre décidé de créer "une haute instance" de 23 à 31 membres pour superviser les négociateurs devant participer à d'éventuelles discussions avec le régime, selon une autre source de l'opposition.
Les monarchies du Golfe expriment leur soutien
Réunies en sommet annuel à Ryad, les monarchies du Golfe - dont l'Arabie saoudite et le Qatar qui soutiennent des groupes rebelles syriens, y compris dans la mouvance islamiste- ont exprimé leur soutien à "un règlement politique" en Syrie.
Le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Jubeir a toutefois répété à cette occasion que le président Bachar al-Assad devrait quitter le pouvoir, soit "par la négociation", soit "par la force".
Le chef de la Coalition nationale, Khaled Khoja, a relevé "une disposition de l'opposition à un règlement politique" et s'est dit "optimiste" quant à un accord sur la "formation d'une équipe de négociateurs" - dont les modalités précises continuent de diviser - en vue de discussions avec le régime.
Une vingtaine d'autres groupes de l'opposition, qui eux ne remettent pas en cause le régime Assad, se sont réunis mercredi à Damas et ont retenu "une liste de 10 à 20 représentants chargés de négocier avec le gouvernement" sous l'égide de l'ONU, selon Mahmoud Merii, secrétaire général de l'Action nationale démocratique.
Réunion entre groupes kurdes et arabes
Une troisième rencontre a réuni des groupes kurdes et arabes de l'opposition dans le nord-est de la Syrie pour élaborer un scénario de transition politique. Ils ont annoncé au terme de leurs discussions la création du Conseil démocratique syrien, qui sera la branche politique de la coalition militaire en première ligne dans la lutte contre les jihadistes du groupe Etat islamique (EI).
Les débats à Ryad se déroulent dans le cadre d'un processus international relancé fin octobre à Vienne par 17 pays - dont Etats-Unis, Russie, Arabie saoudite, Iran et puissances européennes - et trois organisations internationales.
Ces acteurs internationaux ont fixé un calendrier prévoyant une rencontre à compter du 1er janvier entre représentants de l'opposition syrienne et du régime, avant un cessez-le-feu, la formation d'un gouvernement de transition dans les six mois et l'organisation d'élections d'ici 18 mois.
Rencontre tripartite vendredi à Genève
La Russie, les Etats-Unis et l'ONU doivent se retrouver vendredi à Genève pour discuter du processus de transition politique en Syrie, une semaine avant une nouvelle réunion internationale sous le format de Vienne prévue à New York, selon Moscou et Washington.
Le porte-parole du département d'Etat américain John Kirby a précisé que la rencontre tripartite devrait être axée sur les "progrès vers une transition politique et, précisément, pour essayer d'obtenir le cadre et l'architecture d'un cessez-le-feu" en Syrie.
La Russie et les Etats-Unis interviennent militairement séparément en Syrie, mais sont impliqués ensemble dans le processus diplomatique, même s'ils divergent sur le sort du président Assad.
Avec AFP