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Ouagadougou veut relancer la vie nocturne un an après les attentats


Les forces de sécurité se rassemblent près de l'hôtel attaqué pendant la nuit à Ouagadougou, samedi 16 janvier 2016. (AP Photo/Ludivine Laniepce )
Les forces de sécurité se rassemblent près de l'hôtel attaqué pendant la nuit à Ouagadougou, samedi 16 janvier 2016. (AP Photo/Ludivine Laniepce )

Des clients boivent leur Brakina, la bière burkinabè, en observant des filles en talons hauts et très maquillées alors que les baffles crachent leurs décibels.

A quelques centimètres de la tête de ces hommes, un poteau porte des traces de balles: c'est le Taxi-Brousse, lieu emblématique de la vie nocturne ouagalaise, théâtre de l'attentat jihadiste qui avait fait 30 morts en janvier 2016.

Les autorités burkinabè veulent profiter du 25è Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) pour tourner la page de l'attaque qui avait vu un commando de trois hommes semer la terreur en tirant sur les clients des terrasses et hôtels de l'avenue Kwame Nkrumah, au coeur de la capitale.

Les organisateurs du Fespaco ont installé un podium musical au carrefour épicentre de la tragédie devant l'hôtel Splendid, partiellement rouvert, l'hôtel Yibi et le bar Cappucino, toujours fermés, et l'emblématique Taxi-brousse.

"C'était l'endroit le plus chaud de Ouaga. On veut redonner une couleur à l'avenue, créer une passerelle entre la culture et la vie économique", souligne Seydou Zongo dit Zedess, président de la commission animation culturelle du Fespaco et également chanteur.

Quelque 200 artistes ont été programmés sur trois podiums dans la ville dont celui devant le Taxi-Brousse pour dire "+Revenez!+. C'est une forme de résistance, une petite pierre pour que l'engouement revienne", assure Zedess.

'Fauché mais pas fâché'

La zone est très surveillée par les forces de l'ordre en armes. Les autorités ont déployé un plan spécial pour sécuriser le Fespaco sans dévoiler le nombre d'hommes sur le terrain.

Le risque n'est pas nul, comme en témoigne l'attaque jihadiste de la nuit de lundi à mardi à 250 km au nord de Ouagadougou à la frontière malienne. Deux commissariats y ont été attaqués dans la même zone d'un raid qui avait coûté la vie à 12 soldats burkinabè en décembre. Cette fois, il n'y a pas eu de morts mais une source sécuritaire estime qu'il pourrait s'agir d'une "diversion" pour contraindre les forces de sécurité à alléger le dispositif sur Ouagadoougou.

Sur le podium, les genres se succèdent: musique mandingue, rap, rumba congolaise, variétés mais aussi un improbable quatuor de quatre policiers en tenue qui soulève les vivats de la foule grâce à un moonwalk digne de Michael Jackson et des déhanchés impressionnants.

"Si c'est bon, c'est que la police vous plait!", lance un policier dans l'hilarité générale.

"Je suis heureuse d'être présente et de pouvoir assister au concert, de voir la joie des gens, la fête du Fespaco. On est ravi de voir que le Burkina continue à vivre qu'il se passe plein de choses, que les maquis (bars) sont pleins", affirme Sabine Thomas, une touriste française.

"Il ne faut pas avoir peur. C'est important de ne pas créer des peurs, je continuerai à voyager et à venir ici", dit-elle alors que les étrangers étaient particulièrement visés lors de l'attaque de janvier 2016.

Les vendeurs ambulants ont repris du poil de la bête alors que l'absence de touristes avait plombé leurs affaires. "Le business avait calé (mais) ça reprend", assure Boston, vendeur de colliers et de bracelets.

"Le Fespaco ça amène des étrangers. Avec la musique, on oublie. Aujourd'hui on est fauchés mais pas fâchés. On doit continuer le combat. Ici c'est +Africa+. Il faut se débrouiller", dit-il.

Sous couvert de l'anonymat, une serveuse du Taxi-Brousse affirme que les affaires ne marchent plus comme avant. Elle était présente le soir de l'attaque et veut oublier. "On ne veut plus en parler. Chaque fois qu'on raconte, les souvenirs reviennent et ça fait peur aux gens. Il faut passer à autre chose", dit-elle.

"Il ne faut pas complètement oublier mais lamusique va nous aider", nuance Souleyman, un client, homme d'affaires de 46 ans.

"On fait la fête. On continue à venir, c'est notre pays. La peur ne peut pas nous faire rester à la maison. L'ambiance est là et la peur continue à partir 'un peu, un peu'. Ce sont les terroristes qui vont laisser le monde tranquille!"

Avec AFP

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