Ce jugement est le premier prononcé pour de tels faits par une juridiction en Ouganda contre un responsable de ce mouvement de guérilla fondé dans le pays dans les années 1980, qui a semé la terreur en Afrique centrale durant une trentaine d'années.
"La peine de 40 ans" reflète correctement les crimes commis par Thomas Kwoyelo, a déclaré le juge Michael Elubu, de la Division des crimes internationaux (ICD), siégeant dans la ville de Gulu (nord). "Compte tenu des 15 années que le condamné a passées en détention (...) il est condamné à 25 ans d'emprisonnement", a-t-il ajouté.
L'ex-"colonel" a été décrit par le tribunal comme un commandant de niveau intermédiaire, enlevé à l'âge de 12 ans mais directement impliqué dans des meurtres de civils, des viols, des pillages, des réductions en esclavage et des enlèvements.
Vêtu d'un costume bleu marine avec une chemise assortie et une cravate à pois, l'ex-commandant rebelle a affiché un air accablé lorsque le juge a prononcé des peines allant de cinq ans à 40 ans de prison. Lors des audiences qui se sont terminées en mai, Thomas Kwoyelo, âgé d'une cinquantaine d'années, avait plaidé non coupable.
M. Kwoyelo a aussi évoqué son passé d'enfant-soldat, affirmant avoir été enlevé à l'âge de 12 ans et enrôlé de force dans la LRA, créée par l'ex-enfant de choeur Joseph Kony en vue d'établir un régime fondé sur les Dix Commandements. Son avocat Caleb Alaka a déclaré au tribunal que le condamné a l'intention de faire appel.
Détention prolongée
La LRA est accusée d'être responsable de la mort de plus de 100.000 personnes et de l'enlèvement de 60.000 enfants, garçonnets transformés en soldats et fillettes en esclaves sexuelles. Chassée d'Ouganda, elle s'est éparpillée dans les forêts de République démocratique du Congo, de Centrafrique, du Soudan du Sud et du Soudan.
Thomas Kwoyelo a été arrêté en 2009 en RDC. Un premier procès pour 53 chefs d'accusation s'était ouvert devant l'ICD en juillet 2011. Mais l'ancien rebelle avait été libéré deux mois plus tard après une décision de la Cour suprême estimant qu'il pouvait bénéficier d'une loi d'amnistie. Le parquet avait fait appel et un nouveau procès avait été ordonné.
Thomas Kwoyelo était resté derrière les barreaux et plusieurs organisations de défense des droits humains, dont Human Rights Watch, avaient critiqué la durée de cette détention sans procès. La plupart des crimes qui lui sont reprochés ont été commis entre 1996 et 2005 dans le nord de l'Ouganda, notamment dans sa région d'origine du district d'Amuru. Il a notamment été reconnu coupable du meurtre de 17 personnes lors d'une attaque contre un camp de personnes déplacées à Pagak, le 16 mai 2004.
Selon des documents judiciaires, l'accusation considérait que "toutes les attaques de la LRA qui ont eu lieu dans le comté de Kilak entre 1987 et 2005, faisant l'objet des accusations dans cet acte d'accusation, ont été soit ordonnées par lui, soit menées en toute connaissance de cause et avec son autorité". Visé par 78 chefs d'accusations (dont meurtres, esclavage, pillage, enlèvement, viols, torture....), Thomas Kwoyelo a été reconnu coupable en août de 44 délits.
En 2021, Dominic Ongwen, enfant soldat ougandais devenu l'un des principaux commandants de la LRA, a été condamné à 25 ans de prison pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité par la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye. En fuite, Joseph Kony fait l'objet d'un mandat d'arrêt depuis 2005.
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