La question s'était à nouveau posée en janvier, lorsque cinq militants libéraux connus pour leurs critiques des extrémistes religieux et de l'armée ont été enlevés, par des institutions étatiques selon des opposants et défenseurs des droits de l'Homme.
Quatre d'entre eux ont été rendus à leur famille, après avoir été accusés de blasphème pour des publications sur des pages Facebook pro-laïcité qui ont été vilipendées et expurgées.
Le juge Shaukat Aziz Siddiqui de la Haute cour d'Islamabad a réclamé la formation d'une commission d'enquête chargée de rendre des conclusions lundi, ajoutant qu'il ordonnerait la fermeture de certains réseaux sociaux s'ils véhiculaient toujours un contenu offensant, ont expliqué des avocats.
"Le juge a ordonné au gouvernement de créer une Commission d'enquête conjointe composée uniquement de responsables musulmans, afin de se pencher sur la question du blasphème", a indiqué Me Tariq Asad, conseil de la Mosquée rouge, une institution ultra conservatrice qui a saisi le tribunal.
Les groupes de défense des droits de l'Homme accusent les conservateurs et partis religieux de faire taire tous les critiques de l'extrémisme en les accusant de blasphème, ce qui peut revenir à un appel au meurtre au Pakistan.
Ce crime est passible de la peine de mort et de simples accusations ont valu à des dizaines de personnes d'être lynchées.
Le Pakistan avait bloqué Facebook pendant deux semaines en 2010 après la publication d'un contenu supposément blasphématoire. YouTube est resté inaccessible de 2012 à 2016 en raison de la diffusion d'un film amateur islamophobe qui avait déclenché de violentes protestations dans de nombreux pays.
Islamabad était par la suite parvenu à un accord avec les principaux portails internet afin de bloquer les contenus violant les lois pakistanaises.
Yasser Latif Hamdani, un avocat qui avait accompagné les démarches de déblocage de YouTube, a rappelé que les blocages précédents avaient été déclenchés par des décisions de justice comparables à celle que le juge menace de prendre.
"Il faudrait saisir la Cour suprême pour casser un tel jugement. Que se passerait-il? Le jugement risque d'être énoncé en termes religieux, ce qui rendrait les choses très délicates".
Avec AFP