Papa Massata Diack (PMD), ancien conseiller marketing de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF), "a été entendu hier (mardi) par un juge d'instruction (du palais de justice de Dakar) dans le cadre d'un dossier local et d'une commission rogatoire", a indiqué mercredi à l'AFP cette source.
"Le Sénégal a ouvert depuis 2016 une information judiciaire (sur les faits qui lui sont reprochés). Papa Massata Diack n'a jamais reconnu ces accusations" contre lui, a dit cette source, sans préciser les éléments sur lesquels il a été entendu "pour ne pas violer le secret de l'instruction".
Aucun commentaire n'avait pu être obtenu mercredi auprès du palais de justice ou du ministère de la Justice.
PMD était conseiller à l'IAAF chargé du dossier des droits marketing, aux montants colossaux.
Soupçonné d'avoir joué un "rôle central" dans le système de corruption pour couvrir des cas de dopage d'athlètes russes, il est notamment poursuivi pour "blanchiment en bande organisée", "corruption active" et "complicité de corruption passive".
Réfugié à Dakar, il n'a toutefois jamais pu être interrogé par la justice française, qui a lancé un mandat d'arrêt international contre lui depuis décembre 2015. Les autorités sénégalaises ont déjà déclaré qu'elles ne l'extraderaient pas.
PMD est déjà renvoyé en procès à Paris dans l'affaire de corruption à l'IAAF pour couvrir des cas de dopage d'athlètes russes.
Dans ce procès, durant lequel doit être également jugé son père du 13 au 23 janvier 2020, il est accusé de s'être approprié des fonds issus des recettes des sponsors de l'IAAF.
- Visé par un second mandat d'arrêt -
Le 18 avril 2019, la justice française a lancé un second mandat d'arrêt international contre lui dans l'enquête sur des soupçons de corruption dans l'attribution des JO de Rio-2016 et de Tokyo 2020, ainsi que l'attribution de Mondiaux d'athlétisme à Pékin 2015, et Doha 2019.
Les juges écrivent dans leur mandat, dont l'AFP a eu connaissance, que "Papa Massata Diack a joué un rôle actif et bénéficié de plus de 10 millions de dollars (9 M euros) dans un système de corruption international ayant facturé des prestations fictives au soutien de la candidature de villes lors de votes décisifs de l'IAAF (pour l'octroi de Championnats du monde d'athlétisme) et du CIO (pour l'octroi des JO)".
Dans ce dossier, son père Lamine Diack, ancien influent patron mondial de l'athlétisme (1999-2015) et considéré alors comme un membre influent du CIO, a été mis en examen le 27 mars pour "corruption passive".
Lors d'une audition devant les juges français, le 19 juin, il a déclaré : "après coup, je me dis que j'aurais dû plus surveiller mon fils et d'autres. En lisant le dossier, je découvre certaines choses, je tombe des nues".
Lancée en 2015 par le parquet national financier, cette enquête aux ramifications internationales a exploré tous les recoins d'un pacte de corruption présumé, sur fond de dopage institutionnel en Russie: Lamine Diack aurait obtenu des fonds russes pour des campagnes politiques au Sénégal, en échange de l'indulgence des services antidopage de l'IAAF.
Le pacte aurait aussi permis de faciliter des négociations avec des sponsors et des diffuseurs russes, avant les Mondiaux d'athlétisme à Moscou en 2013.