"La population a récupéré hier (lundi) les corps des leurs pour les enterrer", a déclaré à l'AFP le maire de Beni Edmond Masumbuko, qui a ajouté que "l'État a pris en charge les corps qui ont été abandonnés".
Quatre corps seulement étaient encore conservés mardi à la morgue de Beni, selon le correspondant de l'AFP, alors que dimanche 36 corps y avaient été déposés par l'armée et la population.
Un deuil national de trois jours a été décrété par le gouvernement, dont le chef s'est rendu mardi sur place. Mais, dès dimanche, certaines familles avaient refusé de placer les dépouilles mortelles de leurs proches à la morgue, en vue "d'organiser leurs deuils en privé".
Ils avaient refusé que "le gouvernement les enterre alors qu'il ne les avaient pas sécurisés de leur vivant", déclarait lundi à l'AFP Teddy Kataliko, membre de la coordination de la société civile de Beni.
Un total de 51 civils ont été tués dans la nuit de samedi à dimanche dans des quartiers nord de Beni, à la lisière du parc de Virunga, repaire des rebelles ougandais de Forces démocratiques alliées (ADF), selon un bilan de la société civile de Beni. Le gouvernement évalue de son côté le total des morts à 42.
"Pour le gouvernement, la priorité est d'écraser ces terroristes fous", a déclaré à l'AFP son porte-parole, Lambert Mende, ajoutant que "le programme des obsèques pourrait être éventuellement décidé" par le Premier ministre Augustin Matata.
Dépêché par le président Kabila resté à Goma, capitale du Nord-Kivu, ce dernier a effectué une visite des lieux des massacres en compagnie de hauts responsables de l'armée et de la police.
"Nous vivons une guerre asymétrique", a déploré M. Matata devant la presse, où "les terroristes tuent dans des maisons".
Il en a appelé "à la mobilisation de la communauté internationale" et a reconnu que le gouvernement n'allait pas "arrêter brutalement" les attaques.
Au moment de sa visite, la plupart des habitants avaient déjà quitté leurs quartiers pour des lieux jugés plus surs.
"Quartiers fantômes"
Depuis lundi, Rwangoma, Mbelu et Bwerere sont devenus "des quartiers fantômes, vidés de leurs habitants bien avant la visite de M. Matata", a déclaré à l'AFP Gilbert Kambale, président de la société civile de Beni.
"La population est paniquée et traumatisée", a reconnu le maire de la ville, M. Masumbuko, ajoutant que "l'armée sécurise désormais toute l'étendue de Beni".
"Nous sommes en colère contre ce gouvernement" a déclaré Joseph Kasereka, qui quittait sa maison de Mbelu. Il est parmi les rares habitants revenus récupérés des objets utiles, matelas, ustensiles de cuisine, bidons d'eau...
"Ces autorités n'ont rien fait pour protéger la population", s'est indignée Élodie Masika qui partait avec ses trois enfants pour une famille d'accueil à Beni-Ville, le centre "mieux sécurisé" selon elle.
Pendant ce temps, trois hélicoptères de l'ONU poursuivaient leurs rotations.
Sur VOA Afrique, Nicaise Kibel'Bel Oka dénonce le manque de moyens des forces de sécurité dans la ville de Beni, comme l'absence de véhicule pour intervenir
Rebelles musulmans ougandais opposés au président Yoweri Museveni, les ADF sont présents dans l'est de la RDC depuis 1995. Le gouvernement congolais et la Mission de l'ONU en RDC les tiennent pour responsables d'une série de massacres qui ont fait plus de 650 morts depuis octobre 2014 dans la zone de Beni.
Avec AFP