Le président français Emmanuel Macron a assuré jeudi que le sujet délicat de l'avenir du franc CFA pouvait être discuté "de manière apaisée" et "sans tabou", alors que les pays d'Afrique de l'Ouest ont confirmé leur intention de se doter d'une monnaie commune.
"C'est un sujet qu'on doit pouvoir ouvrir et qu'on a décidé d'ouvrir ensemble avec nos partenaires africains, de manière apaisée, sans culte du symbole, sans tabou ni totem", a déclaré M. Macron à l'issue d'un débat à l'Elysée avec 400 représentants des diasporas africaines de France, auquel participait le président ghanéen Nana Akufo-Addo.
"Je suis attaché à ce qu'il y ait un succès pour l'intégration régionale de la Cédéao", a souligné le président français à l'intention de son homologue ghanéen, en visite officielle à Paris.
Le franc CFA "a une utilité", a insisté le président français. "On doit garder la part de stabilité que ça apporte mais on doit permettre à toute la région de s'intégrer pleinement dans un espace monétaire intégré".
Les quinze membres de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) - dont le Ghana - se sont mis d'accord fin juin pour l'adoption à l'horizon 2020 d'une monnaie unique - l'eco - qui sonnerait le glas du franc CFA dans cette région.
"Il y a des défis dans ce projet mais je pense que c'est un modèle. Le développement de l'Europe a eu un impact énorme sur le niveau de vie des Européens et l'un des piliers essentiels de ce projet a été la monnaie unique", a observé M. Akufo-Addo.
A l'heure actuelle, huit pays de la Cédéao utilisent le franc CFA, tandis que les sept autres manient autant de devises qui ne sont pas convertibles entre elles.
Etabli en 1945, une quinzaine d'année avant l'indépendance des colonies françaises, la valeur du franc CFA est aujourd'hui indexée sur l'euro (1 euro = 655,96 francs CFA) ce qui maintient les économies africaines dans la dépendance de la politique monétaire européenne, une situation régulièrement taxée de "néo-colonialisme".
Les Etats africains doivent par ailleurs déposer 50% de leurs réserves en France. En contrepartie, leur convertibilité illimitée avec l'euro leur donne une crédibilité internationale.