Pedro Castillo est en passe de remporter de justesse l'élection présidentielle au Pérou avec 50,17% des suffrages exprimés au second tour, selon les résultats provisoires publiés sur le site web du Bureau national des élections (ONPE).
Après le décompte de 100% des circonscriptions électorales vendredi, son unique adversaire au second tour, Keiko Fujimori, a recueilli 49,82% des voix.
Mais les autorités se gardent pour l’instant de faire une annonce officielle, comme l’écart entre les deux candidats est très fin et que des contentieux ont été soumis par leurs camps respectifs.
M. Castillo, 51 ans, instituteur de profession, est le candidat de Perú Libre, un parti politique de gauche. Mme Fujimori, 46 ans, est une ancienne sénatrice et la fille de l'ancien président Alberto Fujimori. Elle concourt sous la bannière de Fuerza Popular, un parti de droite.
Selon le quotidien péruvien El Comercio, Mme Fujimori a déposé des demandes d'annulation des résultats dans plus de 800 circonscriptions électorales. De son côté, M. Castillo demande l'annulation des résultats dans 209 circonscriptions.
Ces recours sont en cours d'examen par les autorités compétentes, rapporte le journal, déplorant "un climat de grave crispation politique" dans ce pays d'Amérique latine où 25 millions d'électeurs étaient attendus aux urnes lors du scrutin du 6 juin.
Dans un éditorial publié vendredi, El Comercio appelle les deux candidats à faire preuve de "prudence et de patience", notant que "l'un ou l'autre des candidats peut encore perdre" en fonction des décisions prises par le Jury national des élections (JNE), qui est l'arbitre final des litiges électoraux au Pérou.
Quête de légitimité
Quelle que soit l’issue du scrutin, le prochain président du Pérou fera face à un défi majeur sur le plan de la légitimité.
Sur les 18 candidatures validées au premier tour, M. Castillo et Mme Fujimori sont certes arrivés en tête, mais n'ont totalisé à eux deux que moins de 30% des suffrages, avec une légère avance en faveur du candidat de gauche, selon les données disponibles sur le site web de l'ONPE.
Et pour cause. Les deux candidats présentaient des défauts majeurs.
Lors de leur dernier débat diffusé en direct sur le réseau social YouTube le 30 mai, M. Castillo s'est enorgueilli de son passé de "professeur d'école rurale", opposant ses origines modestes et ses "mains propres" au profil de son adversaire.
Mme Fujimori, pour sa part, a accusé M. Castillo de mener une "guerre des classes" et a appelé les électeurs à se concentrer plutôt sur les contrastes entre leurs projets de campagne. "Il ne sait pas comment fonctionne l'appareil étatique", a-t-elle scandé.
D’après El Pais, pour M. Castillo, une grande faiblesse était qu’il était le porte-étendard d'un parti qui s'est ouvertement déclaré marxiste-léniniste.
Quant à Mme Fujimori, son principal obstacle vient de la façon dont son père a dirigé le pays lorsqu'il était président de 1990 à 2000. Aujourd'hui âgé de 82 ans, Alberto Fujimori est en prison pour des actes de corruption et des violations des droits humains.