L’eau potable est devenue une denrée rare dans les quartiers de Brazzaville. Il faut parfois attendre tard dans la nuit pour voir couler le liquide vital. Certaines familles se déportent vers les rivières qui entourent Brazzaville, comme le Djoué, pour se désaltérer et faire la lessive.
Dans les quartiers périphériques de Mfilou, les populations vont s’abreuver dans les marigots et les sources naturelles. Mais, il s’agit d’une eau dont la potabilité n’est pas prouvée.
"Nous souffrons, il nous faut aller loin vers Mambou où il y a des sources pour avoir de l’eau. Mais ce n’est pas pour boire, juste pour se laver et laver les habits", affirme un habitant du quartier Moutabala, à Mfilou.
"C’est grâce à un colonel de l’armée qui habite le quartier que nous avons de l’eau le matin et le soir. Il nous a gratifiés d’un forage, et nous ne manquons pas d’eau", témoigne un sexagénaire du quartier Kahounga, à Brazzaville.
Au quartier Batignolles à Moungali, dans le voisinage de l’aéroport international Maya Maya, au cœur de la ville, les difficultés d’approvisionnement en eau potable sont grandes, selon les habitants. Et pourtant ici, il y a un imposant château d’eau de 2.500 mètres cubes de contenance. Mais la solution à la pénurie d’eau ne vient que des forages. Il faut débourser de l’argent pour y accéder.
"On n’y peut rien, l’eau, c’est la vie. Nous sommes obligés de payer", déclare une mère de famille.
Pour le secrétaire exécutif de l’Observatoire congolais des droits de consommateurs, Mermans Babounga, la qualité de l’eau fournie aux populations laisse à désirer.
"On ne peut pas concevoir qu’une eau qui puisse traîner des débris et des têtards ne puisse pas avoir de problème de potabilité", affirme-t-il, stigmatisant dans la foulée une fréquence irrégulière dans la fourniture de l’eau.
"Dans ces conditions, nous demandons aux consommateurs de ne pas payer les factures de la SNDE, car ils n’auraient consommé que pour trois ou quatre jours dans le bimestre. On ne paye que la prestation qui a été fournie et qu’on a consommé", ajoute-t-il.
L’État investit pourtant énormément dans la production et la distribution d’eau potable. Deux usines, Djiri et Djoué, fonctionnent normalement à Brazzaville. Mais, des efforts encore insuffisants, reconnaît le Premier ministre Clément Mouamba qui appelle rapidement aux réformes au sein de la SNDE.
"Il y a toujours un déficit de l’offre, c’est-à-dire, la quantité d’eau qui est offerte est insuffisante par rapport à la demande, donc ça, c’est un problème. Le mode de gouvernance doit être changé dans les meilleurs délais. C’est terminé le discours de la plainte, il s’agit d’aller aux mesures", annonce le chef du gouvernement congolais.
Après cette annonce, les organisations de la société civile, elles attendent les autorités au tournant.
"Il faut parfois être optimiste. Il est de la responsabilité du Premier ministre d’engager de vraies réformes, et il fait une annonce, alors on l’attend sur le terrain. On voudrait bien voir ces réformes. Il ne faut pas que cela soit un effet médiatique pour distraire les gens. Et le moment viendrait où on fera l’évaluation. Mais la société civile souhaite vraiment que le Premier ministre aille jusqu’au bout de la logique", indique un acteur de la bonne gouvernance, Trésor Nzila Kendet.
Dans les villages où moins de 15 % de la population a accès à l’eau potable, un programme "Eau pour tous" qui a coûté 194 milliards de francs CFA à l’État doit encore montrer son impact.
Ngoussou Ngouela, correspondant à Brazzaville