"Environ 5.000 réfugiés sont arrivés à Moyale, la majorité étant des femmes et des enfants", indique un communiqué.
Selon un habitant de Moyale, qui a requis l'anonymat, l'armée éthiopienne recherche des membres du Front de libération oromo (OLF), un groupe armé rebelle, et les gens fuient par crainte d'être pris pour cibles. "Il y a une agression et un harcèlement continu qui suscite la peur et force les gens à fuir", a-t-il déclaré à l'AFP. Moyale est une ville coupée en deux par la frontière entre le Kenya et l'Éthiopie.
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L'agence officielle ENA avait rapporté dimanche que des soldats avaient tué neuf civils près de Moyale, après les avoir pris par erreur pour des membres de l'OLF.
Mais deux résidents de Moyale, parlant lundi à l'AFP sous couvert de l'anonymat par craintes de représailles, avaient contesté cette version.
Selon l'un d'entre eux, la tuerie a eu lieu samedi quand un attroupement s'est formé autour de deux motocyclistes qui s'étaient heurtés et avaient commencé à se quereller.
"C'est alors qu'un véhicule militaire est arrivé. Les soldats en sont sortis et ont commencé à tirer de toutes parts, et à tuer tout ce qui bougeait", a ajouté celui-ci, qui s'est enfui de l'autre côté de la frontière.
Selon ces résidents, la fusillade s'est produite dans un quartier réputé pour son opposition au gouvernement éthiopien, et les relations entre la population et les soldats déployés à Moyale se sont tendues après la déclaration de l'état d'urgence.
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Le gouvernement éthiopien a décrété l'état d'urgence, qui interdit notamment toute manifestation, le 16 février au lendemain de la démission du Premier ministre, Hailemariam Desalegn.
Moyale est située en région oromo (sud et ouest), du nom de la plus importante ethnie du pays, qui est l'épicentre d'un mouvement de protestation ayant débuté fin 2015, puis s'étant étendu courant 2016 à d'autres régions, dont celle des Amhara (nord). Sa repression a fait au moins 940 morts.
Avec AFP