A l’hôpital privé Skyborne, situé au centre-ville de Bukavu, nous trouvons des paludéens pris en charge, certains en phase de rétablissement. Parmi eux, un ingénieur des mines, Ephrem Kizungu, qui deux jours auparavant a piqué une crise de paludisme grave à plus de 500 kilomètres de Bukavu.
"J’avais beaucoup de maux de tête. J’avais froid. Je tremblais. Je sentais beaucoup de vertiges. Je sentais de la faiblesse dans les articulations. Je n’arrivais même pas à me tenir droit. Depuis que je suis arrivé ici, je ne sens plus ce que j’avais", confie M. Kizungu.
Pour le docteur Kajibwami, médecin traitant, les cas de paludisme sont réguliers dans la région.
Il invite la population à se présenter tôt dans les formations médicales pour une prise en charge efficiente.
"Ça a une grande ampleur. Il y en a qui viennent avec un paludisme simple que nous soignons en ambulatoire et ils rentrent. Il y en a qui viennent avec un tableau de paludisme grave. Là, nous sommes obligés de les interner. La particularité chez Skyorne, c’est la rapidité dans le diagnostic. Mais c’est ceux qui trainent là-bas, chez les tradipraticiens avec déjà des problèmes au niveau du rein, des problèmes au niveau du foie, qui nous rendent le travail difficile. Ça nous prend beaucoup de temps à l’hôpital", se plaint Dr. Kajibwami.
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"Il faut continuer à dormir sous les moustiquaires imprégnés. Le paludisme, ce n’est pas une sorcellerie. Ça ne vaut pas la peine de passer chez les tradipraticiens", conseille le médecin Kajibwami.
Selon la division provinciale de la santé, un service technique du gouvernement congolais en matière de santé, 582 personnes sont décédées de la malaria en 2017 au sud Kivu sur les 1.100.000 personnes atteintes, pour une population estimée à 7 millions d’habitants au Sud Kivu.
Dr. Claude Bahizire ajoute lui que pour le premier semestre de l’an 2018, plusieurs efforts en termes de prévention sont mis en place mais le problème persiste.
"Parmi les grands défis que nous avons ici, c’est le coût des soins surtout lorsque le paludisme devient grave. Il y a des partenaires qui essaient de subventionner surtout les médicaments. Mais il y a encore des défis par exemple pour le moment nous avons des difficultés avec la rupture d’intrant de lutte contre l paludisme", explique Dr. Bahizire.
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Selon médecins sans frontières en 2017, l’ONG est intervenue en urgence pour traiter plus de 800.000 cas de paludisme en RDC, dont plus de 110.000 au Sud-Kivu.
"MSF a une stratégie multisectorielle dans la lutte contre le palu. Ceci inclut des études avec des épidémiologistes internationaux et locaux à Bukavu. On essaie de tuer les moustiques et les œufs de moustiques avant qu’ils ne deviennent grands. Pour le moment, le territoire de Fizi est un projet-pilote pour faire le traitement. Dans la communauté, on a des relais communautaires", déclare Rodd Phillips, chef de mission MSF Hollande au Sud-Kivu
La célébration de la journée du paludisme au Sud Kivu avait pour finalité de faire un plaidoyer pour que le gouvernement et les partenaires renforcent leur implication dans la lutte contre la malaria.