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Plus de 10.600 migrants secourus en 48 heures en Méditerranée mais encore des dizaines de morts


Des migrants attendent d'être secourus à environ 20 miles nautiques au nord de la côte de la Libye, en Méditerranée, 3 octobre 2016.
Des migrants attendent d'être secourus à environ 20 miles nautiques au nord de la côte de la Libye, en Méditerranée, 3 octobre 2016.

Les navires de secours se sont multipliés et ont renforcé leurs opérations plus près des côtes libyennes sur la Méditerranée mais des dizaines de morts continuent à être enregistrés, témoigne le photographe de presse, Aris Messinis. Le rêve d'Europe reste extrêmement dangereux.

A bord de l'Astral, un navire de secours de l'ONG espagnole ProActiva Open Arms croisant au large de la Libye, le photographe de l'AFP, décrit une aube mardi dramatique : plusieurs canots et un bateau en bois d'une vingtaine de mètres de long chargés jusqu'à l'inimaginable. Des centaines et des centaines d'hommes, de femmes et d'enfants en proie à une peur monstre.

"C'était la panique à bord, il y avait des gens qui sautaient à l'eau", soutient-il.

L'Astral n'est qu'un petit voilier, son rôle est de repérer et sécuriser les embarcations, en distribuant des gilets de sauvetage, en prenant en charge les personnes les plus fragiles ou malades et en essayant de maintenir le calme, avant de participer au transfert des migrants vers de plus gros bateaux de secours.

Or, ce mardi, la plupart de ces bateaux sont déjà en route pour l'Italie afin d'y débarquer les plus de 6.000 migrants secourus lundi. L'Astral va en conséquence rester plusieurs heures seul dans le secteur à devoir gérer la situation dramatique de plusieurs embarcations bondées.

Dans la matinée, un avion militaire largue des canots de survie, puis en milieu de journée, un navire de la Marine italienne, le Libra, vient prendre le relais des secours apportés par l'Astral.

Les images d'Aris Messinis témoignent de ces heures de détresse: des migrants aux yeux fiévreux sautent à l'eau pour tenter de rejoindre des canots de survie, d'autres s'accrochent comme ils peuvent à des bouées.

Sur un canot, l'horreur est à son comble: un dernier décompte mercredi matin, en présence du photographe de l'AFP, fait état de 19 femmes et 10 hommes morts asphyxiés ou écrasés. Dans la soute du bateau en bois, deux hommes et une femme ont été étouffés.

- Quatre naissances -

Les gardes-côtes italiens, qui coordonnent les secours dans les eaux internationales au large de la Libye, avaient évoqué mardi soir un bilan de 28 morts. La veille, ils avaient fait état de neuf morts, tandis que les gardes-côtes libyens ont rapporté avoir récupéré en mer les cadavres de neuf femmes et deux enfants, sans autres précisions.

La succession de naufrages dramatiques a poussé la communauté internationale à déployer un vaste dispositif de secours pour récupérer les migrants au large de la Libye: Marine et gardes-côtes italiens, opération navale européenne Sophia, opération européenne de contrôle des frontières Triton, navires humanitaires privés...

Pour les migrants, la noyade n'est pas le seul danger: beaucoup, déjà affaiblis par leur périple et par des conditions effroyables en Libye, succombent par asphyxie, souvent par les émanations de carburant, brûlures dues au mélange redoutable pour la peau du carburant et de l'eau de mer, hypothermie ou déshydratation, même après quelques heures de navigation.

Cette année, les risques sont accrus par l'accentuation du phénomène de départs par vagues: les gardes-côtes peuvent coordonner actuellement jusqu'à plus de 30 opérations de secours en une journée, alors qu'ils n'avaient jamais franchi ce seuil auparavant.

Autre phénomène de plus en plus fréquent: par peur d'accoucher en Libye, les femmes enceintes n'hésitent plus à embarquer même lorsque leur grossesse arrive à terme. Trois bébés sont nés ces dernières heures sur le navire Dattilo des gardes-côtes, ainsi qu'une petite fille sur le bateau Argos de Médecins sans Frontières.

Pour l'Italie, les opérations de ces derniers jours vont porter à plus de 142.000 le nombre d'arrivées de migrants depuis le début de l'année, un ordre de grandeur similaire à 2014 et 2015. Les autorités vont devoir trouver de nouvelles places dans un réseau de structures d'accueil qui héberge déjà 160.000 demandeurs d'asile, contre 66.000 fin 2014 et 103.000 fin 2015.

Avec AFP

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