Ces manifestations ont commencé mercredi dans plusieurs villes du pays. Elles rassemblent des opposants à une réforme du gouvernement du président Daniel Ortega visant à augmenter les contributions des employeurs comme des salariés et à réduire de 5% le montant des retraites pour réduire le déficit de la Sécurité sociale.
"Nous estimons que le nombre de morts dépasse vingt, mais nous sommes en train de vérifier car il y a beaucoup de désinformation. La situation est vraiment grave et réduit nos possibilités de confirmer", a déclaré à l'AFP la présidente du Cenidh, Vilma Nuñez.
Sollicités par l'AFP pour confirmer ce chiffre, ni le gouvernement, ni la police n'ont répondu. Le dernier bilan officiel faisait état de dix morts vendredi, tandis que quotidien La Prensa a fait état de plus de 30 morts, mais sans citer de source.
Samedi soir, de nouveaux affrontements entre jeunes manifestants et policiers antiémeutes ont éclaté à Managua après un discours télévisé du président Ortega. Les protestataires ont dressé des barricades dans les rues et lancé des pierres sur les policiers qui ont riposté à l'aide de gaz lacrymogènes.
Un caméraman nicaraguayen, Miguel Ángel Gahona, est décédé samedi dans la ville de Bluefields (est), après avoir été touché par des balles alors qu'il tournait des images d'affrontements entre manifestants et policiers, ont indiqué des sources syndicales.
Selon un communiqué officiel, un policier de 33 ans a été également été tué par un coup de feu dans le secteur de l'Université Polytechnique (UPOLI) à Managua.
Les opposants à la réforme des retraites ont annoncé une nouvelle marche en direction de l'UPOLI, point névralgique de la contestation, où des centaines d'étudiants se sont retranchés.
Il s'agit des manifestations les plus violentes au Nicaragua depuis l'arrivée au pouvoir de Daniel Ortega il y a onze ans.
Le président a lancé samedi un appel au dialogue, mais a affirmé que les manifestations étaient soutenues par des groupes politiques opposés à son gouvernement et financés par des organisation extrémistes des Etats-Unis, sans toutefois les identifier.
Leur but est de "semer la terreur, semer l'insécurité", "détruire l'image du Nicaragua" après "onze ans de paix" afin de "prendre le pouvoir", a-t-il martelé à la télévision nationale.
Washington condamne l'emploi de la violence
Les Etats-Unis ont condamné dimanche les violences policières au Nicaragua lors des manifestations contre une réforme des retraites qui auraient fait plus de vingt morts, appelant le gouvernement à permettre aux journalistes de travailler librement.
"Nous condamnons la violence et la force excessive utilisées par la police et d'autres personnes contre les civils qui exercent leur droit constitutionnel à la liberté d'expression et de réunion", indique Heather Nauert, porte-parole du département d'Etat dans un communiqué.
"Le gouvernement américain regrette les pertes en vies humaines et les blessés", ajoute-t-elle. Mme Nauert se trouve à Toronto, au Canada, pour une réunion de deux jours des ministres des Affaires étrangères du G7.
"Les Etats-Unis appellent à un large dialogue impliquant tous les secteurs de la société pour résoudre le conflit actuel, rétablir le respect des droits de l'Homme et parvenir à un avenir meilleur et plus démocratique pour tous les Nicaraguayens", poursuit la porte-parole, demandant également "au gouvernement nicaraguayen de permettre aux journalistes d'agir librement".
Les Etats-Unis exhortent aussi le Nicaragua "à permettre une enquête indépendante et à poursuivre les responsables de ces morts", conclut le communiqué.
Avec AFP