Plus de 43.000 personnes ont trouvé refuge dans les Etats de Cross River (33.000) et Benue (10.000), selon l'agence nigériane de gestion des situations d'urgence (Sema). Ce chiffre est près de trois fois supérieur aux estimations données il y a deux semaines par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), qui parlait de plus de 15.000 réfugiés.
Interrogé par téléphone, le directeur général de la Sema explique cette différence par le mode de calcul employé par le HCR, qui ne comptabilise selon lui que les personnes arrivant par les voies de transport conventionnelles.
"C'est une situation de guerre et les réfugiés marchent en groupe à travers la forêt, passent par les rivières et prennent n'importe quel chemin pourvu qu'il leur soit ouvert", a déclaré John Inaku.
"Nous avons dit aux habitants de la frontière de les accueillir et de ne pas leur être hostiles. Nos villages les reçoivent chaleureusement et les hébergent. Ce sont des régions très isolées, difficiles à atteindre par de bonnes routes."
John Inaku a cependant ajouté que des tensions apparaissaient car les villages sont débordés par cet afflux de réfugiés qui sont "dans un état déplorable", ont faim et besoin d'être soignés.
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Les anglophones des deux provinces du sud-ouest du Cameroun frontalières avec le Nigeria protestent depuis près d'un an contre la marginalisation dont ils se disent victimes de la part du gouvernement du président Paul Biya, très majoritairement composé de francophones.
En octobre, les séparatistes ont proclamé l'indépendance d'un Etat baptisé "Ambazonie", déclenchant une riposte de l'armée camerounaise. Le conflit, l'un des plus importants défis qu'ait eu à connaître le président Biya en 35 ans de pouvoir, alimente également les tensions entre Cameroun et Nigeria, accusé par Yaoundé de servir de sanctuaire aux séparatistes.
Avec Reuters