La fusillade est une "attaque ciblée contre le Capital Gazette", a déclaré Bill Krampf, un responsable de la police locale, ajoutant que le quotidien avait reçu des menaces sur les réseaux sociaux.
Le policier n'a pas été en mesure de confirmer si l'auteur de la fusillade visait le journal ou des employés en particulier. Les enquêteurs s'intéressent à d'éventuels contentieux qui auraient opposé l'auteur présumé et le quotidien.
Le suspect est un "adulte blanc" qui approche la quarantaine, selon la police. "Il n'est pas particulièrement coopératif" face aux enquêteurs, avait commenté Steve Schuh, responsable local du comté Anne Arundel où est situé Annapolis.
Selon plusieurs médias américains, il s'agit de Jarrod Ramos, un habitant du Maryland de 38 ans. Certains ont indiqué qu'il avait poursuivi en justice le journal.
Un article du Capital Gazette, posté sur son site internet le 22 septembre 2015 et consulté jeudi par l'AFP, mentionne une décision favorable au quotidien dans le cas de poursuites en diffamation lancées en 2011 par Jarrod Ramos, résidant à Laurel (Maryland) "à la suite d'un article sur un plaider-coupable (de Ramos) pour harcèlement". Elle a été confirmée en appel.
Quatre des victimes de la fusillade de jeudi sont mortes sur le coup, la cinquième est décédée à l'hôpital. L'attaque a également fait deux blessés légers.
Dans la soirée, la police a identifié les cinq victimes tuées --trois hommes et deux femmes-- qui travaillaient toutes pour le journal.
Les hommages se multipliaient sur les réseaux sociaux au sujet de Robert Hiaasen, rédacteur-en-chef adjoint du journal âgé de 59 ans. D'après le Baltimore Sun --pour lequel il a travaillé à partir de 1993--, il avait intégré le Capital en 2010.
La porte-parole de la Maison Blanche Sarah Sanders avait dénoncé plus tôt sur Twitter une "violente attaque contre des journalistes innocents faisant leur travail (qui) est une attaque contre tous les Américains".
Le président Donald Trump, qui critique régulièrement et violemment les médias, a adressé ses "pensées et (ses) prières" aux victimes et à leurs familles dans un message sur Twitter.
L'individu armé d'un fusil a ouvert le feu dans la salle de rédaction du Capital, quotidien d'Annapolis, selon le Baltimore Sun, propriétaire du journal depuis 2014.
Les forces de police sont rapidement arrivées sur place et le tireur s'est rendu sans opposer de résistance.
"Il n'y a rien de plus terrifiant que d'entendre plusieurs personnes se faire tirer dessus alors que vous êtes caché sous votre bureau et que vous entendez le tireur recharger son arme", a tweeté Phil Davis, journaliste qui a raconté la fusillade dans une série de messages sur le réseau social.
Annapolis, à une heure de route de la capitale fédérale Washington, est une ville de 38.000 habitants sur la côte Est américaine. Elle est connue pour ses bâtiments historiques et pour abriter l'académie de la Marine.
Le journal partage cet immeuble avec d'autres entreprises. Il a été rapidement évacué et les locaux entièrement fouillés par la police.
"Nous avons vu les équipes du SWAT (unités spéciales de la police, NDLR) et on a vraiment commencé à paniquer", a expliqué à l'AFP Sean Robinson, salarié d'une compagnie d'assurance au troisième et dernier étage. "J'ai envoyé un SMS à ma femme qui disait +prions+", a-t-il dit.
Le Capital, qui fait partie du groupe Capital Gazette, est un petit journal fondé en 1727. Il emploie six reporters, deux photographes et 5 secrétaires de rédaction. Ses locaux sont protégés par une porte fermée en permanence, a dit à l'AFP un de ses journalistes.
"Je suis OK physiquement mais mentalement c'est le foutoir", a écrit sur Twitter le photographe Paul W. Gillespie. "Nous avons perdu des gens vraiment bien aujourd'hui. Je suis sous le choc en essayant de surmonter cet horrible drame", a-t-il ajouté.
Malgré la tragédie, les journalistes ont assuré que le quotidien paraîtrait vendredi. "Nous sortirons un journal demain", a dit à l'AFP l'un d'eux, Chase Cook. Installé sur un parking, il travaillait depuis son smartphone, sur lequel le système rédactionnel du journal est accessible.
"Nous sommes tous très choqués parce que nous connaissions ces journalistes", a pour sa part dit le maire d'Annapolis, Gavin Buckley.
>> Lire aussi : Mort du tireur impliqué dans une fusillade dans un lycée près de Washington
Des mots de circonstances qui sont répétés lors des fusillades qui endeuillent régulièrement les Etats-Unis. Ces derniers mois, ce sont surtout dans des lycées, en Floride ou plus récemment au Texas, que des tireurs ont fait parler les armes.
La multiplication de ces tueries suscite un débat récurrent sur la dissémination des armes à feu dans le pays. Le port d'une arme à feu aux Etats-Unis est un droit garanti par la Constitution.
Il est extrêmement rare que des fusillades de ce type se produisent dans des rédactions de journaux. A New York, un porte-parole de la police a annoncé que des agents avaient été déployés par précaution dans les principaux médias de la ville.
En 2015 cependant, Alison Parker, journaliste d'une chaîne locale de l'Etat de Virginie de 24 ans avait été tuée en compagnie de son cameraman Adam Ward par un homme qui avait fait irruption sur le plateau de son émission en direct.
"Toute attaque armée comme celle-là est atroce, mais quand elle se déroule dans un lieu de journalisme, c'est particulièrement révoltant et cela me renvoie aux souvenirs de ce jour tragique", a déclaré à l'AFP son père Andy Parker.
Avec AFP