Depuis que les médias portugais et espagnols ont rapporté que le quadruple Ballon d'Or, agacé d'être traité comme un "délinquant", envisage de quitter le club merengue, la machine à rumeurs s'est emballée. Mais certains acteurs sont dubitatifs.
"En tant qu'opérateur de marché, je ne vois aucune raison qu'il parte de Madrid, que ce soit au vu de ce qu'il gagne --sur le plan économique ou des titres-- ou de sa volonté de lutter avec (Lionel) Messi, de continuer à jouer au top niveau. C'est difficile de trouver ça ailleurs", estime sous couvert d'anonymat un important agent français.
Les fuites dans la presse sur son "mal être" sont-elles liées à sa convocation le 31 juillet par la justice espagnole en vue d'une mise en examen pour fraude fiscale présumée de 14,7 millions d'euros ? Veut-il que le Real endosse tout ou partie du paiement de l'amende qu'il risque ?
"Si ce qu'il recherche c'est que le Real Madrid paye son amende, et que nous les +socios+ allons le permettre... eh bien il est mal barré", déclare à l'AFP Nabil Alturek, un des supporters-actionnaires du club.
L'objectif de CR7 serait-il de renégocier en position de force un contrat prolongé en novembre dernier jusqu'en 2021, pour un salaire de 23,6 M EUR net annuels ? Y verrait-il alors une preuve d'amour équivalente à celle qu'envoie régulièrement le Barça à son grand rival Lionel Messi ?
- Prix estimé autour de 110 M EUR -
Cristiano est "beaucoup plus puissant et plus important que tous ceux qui (sont) ici", a déjà commencé à flatter Florentino Perez, président du Real, qui dit n'avoir reçu aucune offre pour son crack.
Le boss du Real a par ailleurs confirmé l'existence d'une clause libératoire s'élevant à un milliard d'euros. Prohibitive a priori, elle ne reflète pas le prix du marché pour s'offrir "CR7".
L'Observatoire du football, un groupe de recherche rattaché au Centre international d'étude du sport (CIES) de Neuchâtel (Suisse), l'estime à 112,4 M EUR, d'après un algorithme sur la valeur de transfert de n'importe quel joueur évoluant en Europe.
Loin derrière Neymar, premier du baromètre publié lundi dernier avec 210,7 M EUR, et les deux pépites de Tottenham Dele Alli (155,1 M EUR) et Harry Kane (153,6 M EUR).
Pourquoi un tel écart ? C'est l'âge qui "plombe" la cote du Portugais en dépit de son palmarès XXL et son immense notoriété, et surtout l'impossibilité pour un acquéreur de réaliser "une plus-value financière future", explique à l'AFP Loïc Ravenel, chercheur au CIES.
"Aujourd'hui, on voit bien comment le marché fonctionne: les grands clubs se positionnent sur les joueurs relativement jeunes qui ont un très fort potentiel, des grandes qualités, avec l'idée derrière, en les achetant même à 120-150 M EUR, que ces joueurs peuvent valoir beaucoup plus dans les années suivantes", poursuit-il.
- Et la Chine ? -
Parmi les tops-clubs européens, seuls deux ou trois seraient malgré tout capables de le recruter quasiment à perte. Encore faudrait-il qu'ils en aient le projet.
Manchester United, club le plus riche du monde avec une valorisation de 3,095 milliards d'euros en 2016 selon le cabinet KPMG, a par exemple largement les moyens de rapatrier son ancien joueur, cédé en 2009 pour 94 M EUR.
Mais selon plusieurs médias anglais et espagnols, le club mancunien n'a pas l'intention de formuler une offre, en raison notamment des relations tendues que Jose Mourinho a entretenu avec "CR7" lors de son passage au Real (2010-2013).
Fait rarissime, le Bayern Munich, cité comme destination possible par la Gazetta dello Sport, a formellement démenti "des rumeurs infondées", "une fable". Le Paris SG des Qataris dessine une autre stratégie: les noms d'Aubameyang, Sanchez ou Mbappé sont évoqués dans la presse.
Reste enfin la Chine, réservoir à fantasmes. En décembre dernier, Jorge Mendes disait refuser une offre de 300 M EUR avec un salaire de 100 M EUR. Pour l'instant, CR7 a encore trop faim de Ballon d'or pour penser à une retraite dorée, selon les observateurs.
Avec AFP