Le président français enchaînera mercredi avec une tournée dans quatre pays d'Afrique centrale: le Gabon, l'Angola, le Congo et la République démocratique du Congo (RDC). Lors de la première étape, à Libreville, il participera à un sommet sur la préservation des forêts du bassin du fleuve Congo.
Dès lundi à Paris, Emmanuel Macron doit préciser sa "vision du partenariat avec les pays africains" et "le cap" qu'il entend se donner durant son second mandat, selon la présidence française. Il y présentera "ses priorités et sa méthode pour approfondir le partenariat entre la France, l'Europe et le continent africain", a-t-elle ajouté.
Le président devrait également aborder la question très sensible de l'évolution du dispositif militaire français sur le continent après la fin de l'opération antiterroriste Barkhane au Sahel et le retrait forcé des troupes françaises du Mali et du Burkina Faso. Ces deux pays sont désormais contrôlés par des juntes militaires et un sentiment d'hostilité à l'égard de la France y est vivace.
Au Mali, la junte est accusée par plusieurs pays d'avoir recours aux services du groupe paramilitaire russe Wagner, proche du Kremlin, qui est également actif dans une autre ancienne colonie française, la République centrafricaine.
En Afrique tous les 6 mois
Au Burkina, la junte a dénoncé les accords de défense entre Paris et Ouagadougou et les forces spéciales françaises, environ 400 soldats, qui y étaient stationnées se sont retirées du pays la semaine dernière. La France déploie encore quelque 3.000 militaires dans la région, notamment au Niger et au Tchad, après y avoir compté jusqu'à 5.500 hommes, mais elle entend ré-articuler son dispositif vers des pays du golfe de Guinée gagnés par la poussée jihadiste et être moins visible sur le terrain.
Dans cette région, et sur l'ensemble du continent, l'influence de la France et des occidentaux est contestée par la Chine ou la Russie. Ainsi, trois des quatre pays que visitera le président français – Gabon, Congo et Angola – se sont abstenus jeudi dernier lors du vote d'une résolution de l'Assemblée générale de l'ONU exigeant le retrait russe d'Ukraine.
"On sort d'un cycle où la France a eu besoin ou tendance à se mettre en première ligne", a expliqué un conseiller du président français, en évoquant une nouvelle phase "en deuxième rideau".
Le discours de lundi fera écho à celui de Ouagadougou, en 2017, dans lequel Emmanuel Macron avait marqué sa volonté de tourner la page avec la politique africaine post-coloniale de Paris, la "Françafrique", empreinte de collusions politiques et de liens sulfureux, et tendu la main à une jeunesse africaine de plus en plus méfiante vis-à-vis de la France.
Le président, se présentant comme le dirigeant d'une nouvelle génération, avait alors dénoncé devant 800 étudiants les "crimes incontestables" de la colonisation et appelé à une "relation nouvelle" avec l'Afrique, un pacte qu'il entend élargir à l'Europe. Cette nouvelle approche, plus en retrait, est confirmée par la secrétaire d'Etat chargée du Développement, Chrysoula Zacharopoulou, qui accompagnera le président français dans sa tournée.
"Aujourd'hui, les pays africains choisissent leurs partenaires librement et souverainement, et c'est tant mieux", souligne-t-elle. Elle estime en outre que le sentiment anti-français en Afrique francophone pousse Paris à faire évoluer sa "posture vers plus d'écoute et d'humilité". En juillet, Emmanuel Macron avait déjà effectué une tournée au Cameroun, au Bénin et en Guinée-Bissau. Il entend poursuivre ses visites sur le continent "quasiment tous les six mois, voire davantage".