Les 111.222 électeurs santoméens sont invités à choisir entre le candidat arrivé en tête du premier tour, Evaristo Carvalho (49,8% des voix), et le président Manuel Pinto da Costa (24,83%), d'après les résultats officiels proclamés par le Tribunal constiutionnel.
Il y a trois semaines, des résultats provisoires de la Commission électorale nationale (Cen) avait donné Evaristo Carvalho vainqueur dès le premier tour avec 50,1%. La Cen s'était ensuite contredite, s'en remettant au Tribunal constitutionnel pour les scores définitifs.
"Continuer à participer à un processus électoral aussi frauduleux reviendrait à le cautionner", a répété vendredi le président sortant Pinto da Costa dans une communication à la nation. "Je m'y prête pas en tant que candidat, et encore moins en tant que président de la République", a-t-il ajouté.
Le Tribunal constitutionnel a cependant rejeté la demande d'annulation de tout le processus électoral qu'il avait déposée avec la candidate arrivée troisième, Maria das Neves, soutenue par l'historique Mouvement de Libération de Sao Tomé et Principe (MLSTP).
La "non-participation" du président sortant, qui fêtait ses 79 ans vendredi, risque d'affaiblir la participation électorale enregistrée il y a trois semaines (64,31%).
Indifférent à sa décision, son rival Evaristo Carvalho a continué à faire campagne en encourageant "tous les Santoméens à exercer leur droit de vote le 7 août" pour confirmer sa victoire du premier tour.
M. Carvalho est soutenu par le véritable homme fort du pays, le Premier ministre Patrice Trovoada, dont le parti, l'Action démocratique indépendante (Adi), est déjà majoritaire à l'Assemblée.
M. Trovoada, 54 ans, veut faire élire "son" candidat Evaristo Carvalho pour mettre un terme à la "cohabitation" qu'il entretient avec le président Pinto da Costa (indépendant).
Comme au Portugal, l'ancienne colonie, le président arbitre mais ne gouverne pas, laissant la réalité du pouvoir au Premier ministre, dans ce petit pays pauvre d'environ 200.000 habitants indépendant depuis 1975, et qui dépend à 90% de l'aide internationale.
Par candidat interposé, M. Trovoada signe un nouvel épisode d'une rivalité familiale avec Manuel Pinto da Costa, qui remonte aux temps de l'indépendance.
Premier président pendant quinze ans après 1975, M. Pinto da Costa avait alors arrimé son pays au bloc soviétique, instaurant un régime marxiste avec parti unique sous la bannière du MLSTP.
Le régime de l'époque avait contraint à l'exil en France le père de Fabrice Trovoada, Manuel, ex-compagnon de route tombé en disgrâce. De retour à Sao Tomé avec l'instauration du multipartisme en 1991, Trovoada père sera élu président à deux reprises jusqu'en 2001.
Depuis, le petit archipel fait figure de modèle d'alternance démocratique dans une région où les chefs d'Etat règnent souvent depuis des décennies, comme Teodoro Obiang en Guinée-Equatoriale (1979), Paul Biya au Cameroun (1982), Idriss Deby au Tchad (1990) ou Denis Sassou N'Guesso au Congo (1979-1992, de retour au pouvoir en 1997).
"Jusqu'à présent, Sao Tomé et Principe s'est illustré de manière notable dans une région marquée par des perturbations politiques (...). J'espère que ce sera aussi le cas lors du second tour de l'élection", a déclaré le représentant des Nations unies en Afrique centrale, Abdoulaye Bathily, habituellement basé à Libreville mais qui s'est déplacé sur l'île pour marquer son inquiétude.
Avec AFP