Alors que ses 13 opposants peinent à trouver des espaces d'expression, Ali Bongo Ondimba a tenu un meeting géant dans un stade près de Libreville pour lancer sa campagne.
Il y a accusé ses adversaires d'avoir "tué à petit feu" son père et prédécesseur, au pouvoir pendant 41 ans jusqu'à sa mort en 2009.
"Ils ont tué Omar Bongo à petit feu en sabotant son action par des mensonges à répétition", a-t-il insisté devant des dizaines de milliers de sympathisants -60.000 selon la police- debout sur la pelouse du stade de l'Amitié pendant des heures.
"ABO", 57 ans, se revendique le candidat du "changement" face à ses principaux rivaux, des septuagénaires qui ont été des proches de son père.
De leurs côté, ces derniers affirment qu'il est un enfant du Nigeria adopté par Omar Bongo et qu'il ne peut être de ce fait président de la République gabonaise. Ils ont été déboutés de tous leurs recours.
"Ali, changeons ensemble": d'innombrables affiches avec la photo du président ont aussi été accrochées dans la nuit à intervalles très réguliers sur le front de mer à Libreville, alors que le matériel électoral de ses adversaires était quasi-invisible.
Le principal d'entre eux, l'ex-président de la Commission de l'Union africaine, Jean Ping, a réuni 2.000 à 3.000 personnes en deux réunions publiques dans le centre du pays d'où il est revenu en jet privé dans la soirée.
"Pendant qu'il achète des avions (...) des Ferrari, des Rolls Royce avec votre argent, vous, vous n'avez pas de route, pas d'écoles", a lancé Jean Ping à Lambaréné en pays myéné, son ethnie maternelle, a constaté une journaliste de l'AFP.
"Les affiches du président candidat ont été accrochées cette nuit à Libreville par des militaires, pendant que d'autres déchiraient nos affiches", a dénoncé l'ancien ministre.
Egalement ex-beau-frère du président, il a appelé à l'unité des 13 candidats d'opposition, derrière sa candidature: "Le public la réclame ardemment (...) alors que nous sommes 13 face à un dictateur. (...) Je crois que cela sera possible. J'y travaille".
M. Ping dénonce aussi des "intimidations" envers ses partisans pour les dissuader de venir à ses rassemblements.
"Je suis encore à la recherche à la recherche d'un site pour le lancement de ma campagne. Les espaces publics me sont refusés", a déclaré l'ex-président de l'Assemblée nationale, Guy Nzouba Ndama, dans un SMS à l'AFP, affirmant qu'un curé qui lui a permis jeudi de faire une réunion dans sa paroisse "fait l'objet de menaces".
Les ambassades de France et des Etats-Unis, la délégation de l'Union européenne et le représentant des Nations unies ont demandé aux autorités gabonaises d'"assurer la liberté d'expression, d'association et de réunion, ainsi qu'un accès équitable aux médias publics" lors de cette élection, dans un communiqué conjoint de vendredi, également signé par les ambassades d'Allemagne, d'Espagne et d'Italie.
D'ici l'élection à un tour du 27 août, 628.124 Gabonais sont invités à venir retirer leur carte électorale dans ce petit état francophone d'Afrique centrale producteur de pétrole.
Avec AFP