"Nous soutenons Juan Orlando Hernandez car avec lui le pays ne tombe pas en déliquescence", a déclaré à l'AFP Melida Gomez, femme de ménage de 43 ans parmi les 10.000 participants au défilé dans les rues de Tegucigalpa, selon des estimations de la presse.
Dans son discours adressé à la foule, vêtue de chemises blanches et arborant des drapeaux bleus aux couleurs du Parti national (PN, droite), le président sortant a souhaité "l'apaisement" pour le Honduras.
Dans le même temps, les sympathisants de l'Alliance de l'Opposition contre la Dictature (gauche), ont bloqué certains accès à la capitale en appui de la demande de leur candidat, le populaire présentateur de télévision Salvador Nasralla, qui réclame le recomptage des voix par des organismes internationaux indépendants.
Certaines manifestations de l'opposition ont donné lieu à des affrontements avec la police et à de nouveaux pillages même si l'état d'urgence, décrété vendredi dernier, a été partiellement levé mercredi dans neuf des 18 départements du pays.
Mais au moins une femme de 19 ans et deux policiers ont été tués dans de précédentes manifestations, et des organes de défense des droits de l'Homme évoquent entre 11 et 13 sont morts.
Les Etats-Unis ont d'ailleurs appelé leurs ressortissants à "reporter ou annuler tout déplacement" dans le pays tant que la crise électorale n'est pas résolue.
- Recomptage des voix ? -
N'accordant pas sa confiance au Tribunal suprême électoral (TSE) hondurien, M. Nasralla a réaffirmé jeudi sa requête pour que des institutions comme l'Organisation des Etats américains (OEA) ou l'Union européenne effectuent un nouveau dépouillement et un audit du système informatique de décompte du TSE.
"Nous voulons sauver le Honduras des mains d'un tyran", a lancé M. Nasralla au cours d'une conférence de presse en annonçant de nouvelles mobilisations populaires pour exiger le départ de M. Hernandez qui tient pour acquise sa prétendue victoire aux élections du 26 novembre.
Onze jours après le scrutin, le TSE n'a toujours pas proclamé de vainqueur même si ses chiffres, portant sur 100% des bulletins, créditent M. Hernandez de 42,98% des voix contre 41,38% pour son opposant de gauche.
M. Nasralla estime que la présidence lui a été "volée" et accuse le TSE d'avoir falsifié une partie des procès-verbaux à la faveur de pannes informatiques.
Le TSE s'est attelé jeudi soir au recomptage de 4.753 urnes dont la saisie informatique a entraîné des suspicions de fraude, sans la présence de représentants de l'opposition qui réclament un recomptage total de quelque 18.128 contenant les bulletins de vote. Ce dépouillement devrait prendre plusieurs jours.
- Nouveau scrutin ? –
L'Organisation des Etats américains (OEA), qui avait dépêché une mission d'observation électorale demande désormais "un processus exhaustif et méticuleux de vérification" des résultats en dénonçant le "manque de garantie et de transparence" ainsi que "l'accumulation d'irrégularités". Elle estime qu'elle "ne peut avoir de certitudes sur les résultats".
Dans un communiqué commun, l'Argentine, le Chili, la Colombie, le Guatemala, le Mexique, le Paraguay, le Pérou, le Chili et l'Uruguay ont exprimé leur "soutien" à un examen global du processus électoral.
Pour sortir de la crise, l'OEA a même commencé à évoquer une nouvelle option, celle d'"un nouvel appel à des élections". Le Parti libéral (PL, droite), arrivé troisième de ce scrutin à un tour avec 14,73% des voix, a déposé un recours en ce sens.
Jeudi, la Convergence contre la Continuité d'Hernandez, composée de plusieurs organisations de la société civile, a elle appelé à invalider les élections.
L'alliance de l'opposition a indiqué pour le moment qu'elle ne partageait pas l'option d'organiser de nouvelles élections.
Si les mobilisations se poursuivent, "il est probable que cela dégénère en troubles", met en garde le sociologue Osman Lopez, professeur à l'Université nationale.
Difficile pour nombre d'Honduriens d'accepter une victoire du président sortant alors que "la population a montré son respect pour la démocratie (en participant à l'élection) et a voté davantage contre la réélection illégale (du président sortant) que pour Nasralla", ajoute-t-il.
M. Hernandez a en effet contourné l'interdiction de deux mandats consécutifs, qui figure dans la Constitution, grâce à une décision favorable du Tribunal constitutionnel.
Avec AFP