TUNIS (Reuters) - Béji Caïd Essebsi, candidat de l'alliance laïque Nidaa Tounes, est arrivé en tête du premier tour de l'élection présidentielle tunisienne dimanche avec 39,46% des suffrages, selon les résultats provisoires publiés mardi.
Le second tour, prévu en décembre, l'opposera au président sortant Moncef Marzouki, qui a recueilli 33,4% des voix.
Après les législatives d'octobre, qui ont vu Nidaa Tounes l'emporter avec 86 élus devant les islamistes d'Ennahda (69 députés), ce scrutin présidentiel est le point d'orgue de la transition démocratique souvent chaotique entamée après la "révolution de jasmin" de 2011 et l'éviction de Zine Ben Ali.
Président du Parlement et ministre des Affaires étrangères sous Habib Bourguiba, père de l'indépendance, Béji Caïd Essebsi, qui est âgé de 87 ans, se présente comme le mieux à même d'achever cette transition et de "rendre son prestige" à la Tunisie.
Ses rivaux, Marzouki en tête, le dépeignent comme un vestige des régimes autocratiques de Bourguiba puis de Ben Ali et craignent un retour à l'"hégémonie d'un parti unique".
Les adversaires de Marzouki reprochent à ce dernier son alliance avec les islamistes d'Ennahda, qui lui a permis d'être élu président par intérim fin 2011.
Le parti Ennahda n'a pas présenté de candidat à l'élection présidentielle ni donné de consignes de vote mais Béji Caïd Essebsi affirme que son rival a fait le plein des voix islamistes.
"S'il a fait ce résultat, c'est qu'il a été principalement soutenu par les cadres d'Ennahda, même si les dirigeants d'Ennahdha ont toujours clamé qu'ils laissaient les gens voter pour qui ils veulent", a déclaré Essebsi sur France 24.
"Il a rameuté les ligues de protection de la révolution qui sont des ligues de violence (...) Il a invité à ses meetings certains salafistes, ce qui fait un peu trop", a-t-il ajouté.