Reed Body, conseiller juridique de HRW, a notamment indiqué que ce procès dans lequel M. Habré sera jugé spécial pour crimes contre l'humanité, crimes de guerre et torture. Pour lui ce procès donnera le ton au changement dans la justice africaine.
"Ce procès pourrait être un tournant pour la justice en Afrique. Pour cela, il faut qu'il soit juste, transparent et efficace", a affirmé M. Brody.
"Il faut reconnaître au gouvernement tchadien une collaboration importante pour la possibilité des poursuites. Mais depuis un moment, on (lui) voit une certaine frilosité qui s'est traduite par le refus d'envoyer (à Dakar) deux (ex-collaborateurs) de Habré recherchés par le tribunal" spécial, a ajouté M. Brody, sans révéler leur identité.
"Ces personnes en détention au Tchad sont une source importante de preuves à charge contre Habré" et en outre "90% des personnes appelées (comme témoins) par le tribunal spécial sont au Tchad y compris (celles) qui viennent d'être condamnées", a-t-il dit.
M. Brody a aussi souligné que ce sera la première fois dans le monde que les dirigeants d'un Etat vont juger le dirigeant (déchu) d'un autre Etat.
"C'est au Sénégal que ce procès historique va se faire", a affirmé Reed Brody, conseiller juridique pour l'ONG.
"C'est la première fois que la compétence universelle est mise en application en Afrique", en vertu d'une disposition permettant aux tribunaux d'un pays de juger des faits commis par un ou des étrangers dans un autre pays, a dit M. Brody, lors d'une rencontre avec l'Association de la presse étrangère au Sénégal.
Hissène Habré, en détention préventive depuis juin 2013 au Sénégal où il s'était réfugié après sa chute en 1990, a été renvoyé le 13 février devant la Cour d'assises des Chambres africaines extraordinaires, un tribunal spécial, pour "crimes contre l'humanité, crimes de guerre et torture".
Ce tribunal spécial a été créé par le Sénégal et l'Union africaine pour juger M. Habré cette année, selon le tribunal, à une date qui n'a pas été précisée.
Le Sénégal et l'Afrique du Sud sont les seuls pays africains dotés de cette législation.
La cour criminelle spéciale de N'Djamena a condamné mercredi à la réclusion à perpétuité, pour "assassinats" et "tortures", sept responsables des services de sécurité de M. Habré.
Agé de 72 ans, Hissène Habré, au pouvoir de 1982 jusqu'à son renversement par l'actuel chef de l'État, Idriss Déby Itno, s'était réfugié au Sénégal où il bénéficia pendant plus de 20 ans de la bienveillance des autorités avant d'être arrêté.
VOA.AFP