"Il faut cesser de malmener nos clients comme des canards sauvages", a fini par lancer, excédé, un avocat de la défense, après plusieurs de questions du président du tribunal, de l'agent financier et des avocats de l'Etat, qui s'est porté partie civile.
Khalifa Sall, maire de Dakar depuis 2009, et sept de ses collaborateurs doivent répondre de dépenses de plus de 2,7 millions d'euros prélevés sur plusieurs années, selon la justice, dans les caisses de la mairie de Dakar.
Cet argent aurait notamment servi à payer des "réceptions" et des "cérémonies", a rappelé le procureur.
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"Il s'agissait de fonds politiques et pour cela nous avons une compréhension", a expliqué l'un des prévenus clé, le directeur administratif et financier de la mairie, Mbaye Touré.
Il a reconnu avoir signé des procès verbaux accusant la réception et le paiement de riz et de mil, tous deux fictifs. "L'objectif n'était pas de réceptionner du riz et du mil", a-t-il dit.
Il a expliqué que les fonds politiques étaient "à la disposition discrétionnaire" des élus mais qu'il fallait néanmoins trouver un moyen d'inscrire ces dépenses dans la comptabilité.
"Tous les acteurs étaient courant de ce mécanisme", qui existait bien avant l'élection de Khalifa Sall, a avancé M. Touré, qui est, comme le maire et une demi-douzaine d'autres prévenus, en détention provisoire depuis mars 2017.
Il a refusé de dire si Khalifa Sall était lui-même au courant de ce mécanisme, mais il l'a désigné comme le gestionnaire réel de ces fonds.
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Yaya Bodian, un comptable de la mairie, a reconnu avoir réalisé de fausses factures avec le tampon d'une société disparue depuis des années. "C'était juste pour régler un problème comptable", a-t-il dit à au moins 26 reprises.
Khalifa Sall n'a pas été invité à répondre aux questions du tribunal. Mais, en début d'audience, il assuré n'avoir "commis aucune malversation".
"Nous n'avons détourné aucun sou. Nous n'avons touché aucun franc de l'Etat", a-t-il dit dans une déclaration liminaire. "Je ne suis pas quelqu'un qui prend et je n'ai jamais pris".
"L'objet de ce procès est de mener un combat politique contre un adversaire", a accusé le maire de Dakar.
Les partisans de Khalifa Sall, un socialiste dissident, imputent ses déboires judiciaires à sa fronde contre la majorité du président Macky Sall, dont fait partie le PS, et à sa volonté de se présenter à la présidentielle en 2019, des soupçons rejetés par les responsables du pouvoir.
Avec AFP