"Il n'y a pas d'infractions et donc, il n'y a pas lieu de condamner aux dommages et intérêts",a déclaré devant la barre Me John Omehata, avocat de la République, civilement responsable, au dernier jour des plaidoiries.
"La RDC demande à [la] Haute Cour [militaire] d'acquitter" tous les prévenus poursuivis dans ce "prétendu assassinat", a-t-il insisté.
"Il n'y a pas d'infractions et donc, il n'y a pas lieu de condamner aux dommages et intérêts", a-t-il ajouté.
Ces déclarations ont provoqué l'indignation du ministère public et de la défense des parties civiles qui, lors de leur plaidoirie, avaient requis la prison à perpétuité pour les cinq prévenus.
La semaine dernière, la défense de deux prévenus condamnés - l'un à mort et l'autre à la prison à vie - en première instance, ont demandé aux juges de "libérer purement et simplement" leurs clients.
Les avocats des trois autres policiers, qui avaient été acquittés en première instance, ont, de leur côté, insisté pour que le juge d'appel reconduise "la décision du premier juge".
Fondateur de l'ONG la Voix des sans-voix (VSV), militant connu et respecté, Chebeya était devenu très critique vis-à-vis du pouvoir du président Joseph Kabila, à la tête de la RDC depuis 2001. Il a été retrouvé mort le 2 juin 2010, après avoir été convoqué au siège de l'inspection générale de la police pour y rencontrer le général John Numbi, qui était alors chef de la police.
Suspendu de ses fonctions peu après l'assassinat, le général Numbi a toujours nié avoir donné ce rendez-vous, mais les parties civiles le considèrent comme le suspect "numéro un" dans ce "crime d'État".
Quant au chauffeur de Chebeya, Fidèle Bazana, il a disparu après l'avoir déposé à ce rendez-vous, et la justice a conclu qu'il avait lui aussi été assassiné. Son corps n'a jamais été retrouvé.
En 2011, au terme d'une enquête - dénoncée comme bâclée par les parties civiles, des organisations de défense des droits de l'Homme et plusieurs chancelleries occidentales - quatre policiers avaient été condamnés à mort (dont trois par contumace) en première instance. Un autre avait été condamné à perpétuité et trois agents acquittés.
Le procès en appel s'est ouvert en juin 2012. "Pour gagner du temps", la Cour a suspendu les poursuites contre les trois prévenus en fuite, dont le major Paul Mwilambwe, qui a mis en cause le général Numbi dans la mort du militant.
Réfugié au Sénégal, ce dernier est aujourd'hui la cible dans ce pays d'une procédure ouverte dans le cadre de l'affaire Chebeya.
Le procès en appel doit se poursuivre lundi avec les répliques et les contre-répliques de toutes les parties.
Avec AFP