Environ 10.000 personnes décèdent des suites d’hépatites virales chaque année. Selon l'Organisation mondiale de la santé, il existe cinq types distincts d'hépatite virale (A, B, C, D et E), mais les hépatites B et C causent 95% des infections et des décès. Le Cameroun est l'un des pays les plus touchés en Afrique et dans monde, avec une prévalence de plus de 10% pour l’hépatite B et 12% pour l’hépatite C.
Un mois de sensibilisation nationale contre les hépatites virales est en cours et les autorités sanitaires mettent un accent particulier sur la transmission des hépatites de la mère à l’enfant.
Réduire à l’horizon 2030 l'incidence de l'infection de l'hépatite virale chez les enfants de moins de 5 ans autour de -1% est un défi pour les autorités sanitaires du Cameroun.
Pour y parvenir, des recherches sur les facteurs de risque de transmission de l’hépatite B de la mère à l'enfant au Cameroun sont actuellement menées au sein d’un consortium scientifique.
"Chaque femme enceinte doit être systématiquement dépistée pour le virus de l'hépatite B comme ça se fait avec le VIH et la syphilis", préconise Pr Judith Ndongo, membre du consortium qui regroupe les hôpitaux du pays, l’université de Yaoundé I et les chercheurs du Centre international de référence Chantal Biya.
"On a mis sur pied ce consortium pour continuer à dépister le virus de l'hépatite B chez la femme enceinte, et refaire ce dépistage tous les trois jusqu'à l'accouchement, après l'accouchement, on suit le nouveau-né pour voir le taux de transmission mais le défi qu'on a c'est le fait que les femmes enceintes ne viennent pas systématiquement à l’hôpital pour le suivi qu'il faut", explique Pr Judith Ndongo.
A l’hôpital d’Efoulan à Yaoundé, les femmes enceintes et les mères des nouveau-nés sont de plus en plus sensibilisées sur les hépatites virales, "lors des visites prénatales à l'hôpital, mon médecin m’a dit que cette maladie était très dangereuse, donc quand une femme est enceinte, elle doit faire le test pour épargner l'enfant de cette maladie", se souvient Brenda, mère d’un nouveau-né de trois mois.
Des résultats satisfaisants
La transmission de l’hépatite virale B de la mère à l’enfant se fait facilement lors de l'accouchement. Si les moyens de prévention ne sont pas mis sur pied, 90% des enfants nés des mamans portant l’hépatite B seront infectés.
Et pourtant, "plus tôt c’est dépisté, mieux c'est traité", rappelle Pr Louis Richard Ndjock, secrétaire général du ministère de la Santé publique qui a inauguré le 29 juillet dernier un centre de traitement agréé et mis sur pied un comité de prise en charge des hépatites virales à Bertoua, dans la région de l’Est, l’une des plus enclavées du Cameroun, à plus de 330 km de Yaoundé.
"Nous invitons les populations, les femmes enceintes et celles en âge de procréer à se faire dépister, parce qu’au cas où ce n'est pas fait, l’issue de la maladie est plutôt fatale", a-t-il martelé à l’assistance.
Dr Huguette Nguele Meke, directrice de l’hôpital régional de Bertoua, confie qu’une campagne de dépistage gratuit a été lancée, des personnes dépistées positives soit à l’hépatite B, soit à l’hépatite C vont être mises sous traitement. Les hépatites virales font le lit des cancers de foie, une maladie éminemment grave à traiter en plus du coût très exorbitant au Cameroun.
En cas de contamination, le traitement de l’hépatite B est à vie, sa prise en charge n’est pas gratuite au Cameroun. Les comportements sexuels à risque, les accidents transfusionnels et les scarifications sont les modes de contamination les plus répandues hépatites virales au Cameroun.