Le Japon et les Etats-Unis ont demandé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU qui pourrait se tenir mardi.
Avec ce tir largement condamné par la communauté internationale, Pyongyang a testé dimanche "un nouveau modèle de missile balistique stratégique" de portée "moyenne à longue" nommé "Hwasong-12", a rapporté l'agence officielle nord-coréenne KCNA.
L'opération, poursuit l'agence, a été "personnellement" supervisée par le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un, qui a "étreint les responsables de la recherche balistique en leur disant qu'ils avaient travaillé dur pour réaliser de grandes choses".
La Corée du Nord, dont l'objectif revendiqué est d'être en mesure de porter le feu nucléaire sur le sol américain, est déjà sous le coup de multiples sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU.
Le tir de dimanche était le deuxième en 15 jours et le premier depuis la prestation de serment mercredi du nouveau président sud-coréen Moon Jae-In.
Il avait pour but d'examiner "les caractéristiques" d'un nouveau type de missile, "capable de transporter une grande et puissante tête nucléaire", affirme KCNA.
L'agence rapporte que l'engin a suivi une trajectoire très élevée, atteignant une altitude de 2.111,5 km, avant de retomber en mer du Japon à 787 km, "précisément à l'endroit prévu".
'Progrès important'
Cela laisse penser que ce missile pourrait avoir une portée de 4.500 kilomètres, observent des experts.
Pour Jeffrey Lewis, chercheur à l'Institut Middlebury des études internationales, basé en Californie, si on met de côté les tirs de fusée, l'engin lancé dimanche a été "le missile à la portée la plus longue jamais testé par la Corée du Nord".
John Schilling, expert en armement de l'organisation "38 North", un site qui dépend de l'université Johns Hopkins à Washington, estime de son côté que Pyongyang vient apparemment de tester un missile de portée intermédiaire qui pourrait "sûrement atteindre la base américaine de Guam", dans le Pacifique.
"Ce qui est plus important", a-t-il ajouté, c'est qu'il "pourrait constituer un progrès important sur la voie du développement d'un missile balistique intercontinental (ICBM)".
La Corée du Nord se dit acculée à cette stratégie militaire par la menace américaine.
L'accélération de ces programmes nucléaire et balistique et la surenchère verbale avec Donald Trump, qui a menacé de régler seul le dossier nord-coréen, ont contribué à tendre la situation sur la péninsule coréenne.
Le milliardaire a toutefois semblé récemment mettre de l'eau dans son vin en déclarant même qu'il serait "honoré" de rencontrer le dirigeant Kim Jong-Un.
Pyongyang a d'ailleurs évoqué samedi une possible ouverture par la voix d'une diplomate de passage à Pékin qui a dit que son pays pourrait "avoir un dialogue, si les conditions s'y prêtent", avec Washington.
Etape vers un ICBM
Le tir de dimanche est intervenu quatre jours après l'investiture à Séoul de Moon Jae-In qui, contrairement à sa prédécesseure, défend l'idée d'un dialogue avec le Nord.
Mais celui qui avait été la cheville ouvrière du dernier sommet intercoréen en 2007 n'en a pas moins condamné dimanche une "provocation irresponsable".
En avril, Pyongyang avait organisé un défilé gigantesque, exhibant alors des missiles, dont l'un semblait être du même type que celui testé dimanche.
Certains experts doutent de la capacité du Nord à miniaturiser ses armes nucléaires pour les monter sur un missile, et rien ne prouve encore que Pyongyang maîtrise la technologie de rentrée dans l'atmosphère.
Pour M. Schilling, que Pyongyang parvienne à mettre Guam, à 3.400 km, à portée de ses missiles ne change fondamentalement pas la donne géopolitique. Mais c'est une étape.
"Ce qui changerait l'équilibre stratégique serait un ICBM capable de toucher le sol continental américain", a-t-il dit.
"Ce ne sera pas ce missile, mais il pourrait s'agir d'un banc d'essai, d'un test de technologies et de systèmes qui seront utilisés pour des ICBM", poursuit-il, en avançant que Pyongyang cherche aussi à tester des "sous-systèmes d'ICBM" pour jouir d'une "couverture" en cas d'attaque américaine.
L'agence KCNA cite de son côté Kim Jong-Un affirmant que la stratégie américaine consistant à "intimider militairement les Etats faibles qui n'ont pas la bombe atomique" ne marchera pas avec le Nord.
"Si les Etats-Unis osent une provocation militaire contre la RPDC, nous sommes prêts à la contrer", a-t-il dit.
Le Japon et les Etats-Unis ont demandé dimanche une réunion d'urgence du Conseil de sécurité, et celle-ci pourrait avoir lieu mardi après-midi à New York, selon la représentation de l'Uruguay aux Nations unies, qui préside le Conseil en mai.
Dimanche la Maison Blanche avait demandé "des sanctions bien plus fortes". La Chine, alliée de Pyongyang, a exhorté "toutes les parties" à la "retenue".
Avec AFP