Washington a annoncé ce week-end que le porte-avions USS Carl Vinson et son escadre faisaient route vers la péninsule coréenne, alors qu'ils devaient initialement aller faire escale en Australie.
Annoncée dans la foulée de la frappe punitive américaine en Syrie, cette décision a été largement interprétée comme une démonstration de force de l'administration Trump, qui s'est aussi dite prête à se charger "seule" du problème des programmes nucléaire et balistique nord-coréens, si Pékin ne faisait pas rentrer dans le rang son turbulent voisin.
"Le déploiement insensé américain pour envahir la RPDC a atteint une phase préoccupante", a réagi un porte-parole du ministère nord-coréen des Affaires étrangères cité par l'agence officielle KCNA en référence au nom officiel du régime (République populaire démocratique de Corée).
"La République populaire démocratique de Corée est prête à réagir, quel que soit le type de guerre voulu par les Etats-Unis", a-t-il ajouté.
Le président américain Donald Trump, qui a surpris la semaine dernière par la rapidité de sa riposte militaire en Syrie, a demandé à ses conseillers "un éventail complet d'options" contre le programme nucléaire de Pyongyang, a annoncé dimanche le conseiller à la sécurité nationale du président américain, le général en exercice H.R. McMaster.
Certains experts avaient vu dans la frappe américaine un message à Pékin et Pyongyang pour indiquer que la politique de la nouvelle administration consistait à joindre les actes à la parole.
'Mesures de contre-attaque'
Mais la réponse nord-coréenne mardi suggère que le régime de Kim Jong-Un n'entend pas changer d'attitude: "Nous prendrons les mesures de contre-attaque les plus fermes contre les provocateurs, afin de nous défendre par la voie des armes", a ainsi précisé le porte-parole du chef de la diplomatie de Pyongyang, toujours cité par KCNA.
"Nous tiendrons les Etats-Unis totalement responsables des conséquences catastrophiques provoquées par ses actions scandaleuses."
Samedi, la Corée du Nord avait cherché à montrer qu'elle ne se laisserait pas intimider, en affirmant que la frappe américaine prouvait "plus d'un million de fois" la justesse de son programme nucléaire.
Pyongyang justifie notamment par la menace américaine ses programmes nucléaire et balistique, qui sont interdits par plusieurs résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU.
La Corée du Nord, qui veut mettre le territoire continental américain à portée de ses ogives nucléaires, a considérablement accéléré ces recherches, réalisant notamment depuis le début 2016 ses quatrième et cinquième essais atomiques.
De nombreux observateurs redoutent que la Corée du Nord ne prépare un sixième essai nucléaire qui pourrait coïncider avec les célébrations imminentes du 105e anniversaire de la naissance du fondateur du régime, Kim Il-Sung.
Le Premier ministre sud-coréen et président par intérim a mis en garde mardi contre le risque d'une "grave provocation" du Nord, qui pourrait aussi intervenir le 25 avril, lors de l'anniversaire de la fondation de son armée.
"Il y a la possibilité que le Nord se livre à des provocations plus graves, comme un nouvel essai nucléaire, pour célébrer divers anniversaires", a déclaré Hwang Kyo-Ahn lors d'une réunion du gouvernement.
Les manoeuvres militaires annuelles conjointes menées actuellement par les Etats-Unis et la Corée du Sud sont également perçues comme une menace par le régime de Kim Jong-Un, pour qui ce ne sont en fait que des préparatifs pour une guerre.
Ces tensions surviennent au moment où l'assemblée législative nord-coréenne doit se réunir mardi.
L'Assemblée suprême du peuple (ASP) ne se réunit qu'une ou deux fois par an, souvent lors d'une session unique d'une journée pour voter le budget et entériner les décisions prises par le Parti des travailleurs, le parti unique au pouvoir.
Le représentant spécial de la Chine pour la péninsule coréenne, le diplomate Wu Dawei, s'est entretenu lundi à Séoul avec son homologue sud-coréen au sujet du dossier nucléaire. Les deux hommes ont convenu selon Séoul de mesures "fortes" dans l'éventualité d'un nouvel essai nucléaire.
Ces discussions sont intervenues quelques jours après le premier sommet, en Floride, entre M. Trump et son homologue chinois Xi Jinping.
Avec AFP