Le président chinois Xi Jinping s'est jusqu'à présent montré mesuré dans ses réactions aux provocations de Donald Trump, qui s'en est pris peu diplomatiquement à la Chine depuis son arrivée à la Maison Blanche fin janvier, l'accusant tour à tour de concurrence commerciale déloyale ou de mollesse face à la menace nucléaire nord-coréenne.
L'homme fort du régime communiste arrive avec "du grain à tweeter" pour le président américain, selon des sources diplomatiques à Pékin, qui évoquent des concessions chinoises en matière de commerce et d'investissement, avec à la clé des créations d'emplois aux Etats-Unis.
En échange, il attend de l'exubérant milliardaire des garanties par lesquelles Washington renoncerait à un contrat d'armement avec Taïwan... au moins temporairement.
Peu d'éléments ont filtré sur le programme exact de cette rencontre, si ce n'est que les présidents des deux premières puissances économiques mondiales doivent dîner ensemble jeudi avec leurs épouses, avant une série d'entretiens vendredi.
Le président républicain de 70 ans, dont le positionnement diplomatique vis-à-vis du géant asiatique reste flou, aura l'occasion de fournir une première indication de l'orientation qu'il entend donner à la relation sino-américaine.
Il a en tout cas dit s'attendre à une rencontre "très difficile" avec l'homme fort de Pékin.
Car le magnat de l'immobilier n'avait pas hésité, en campagne, à ériger la Chine en principale rivale des Etats-Unis, notamment dans le domaine du commerce international. Il avait accusé Pékin de "manipuler" sa monnaie.
Contrôle des banques
Au premier rang des différends géopolitiques entre les deux puissances du Pacifique figure l'épineux dossier de la Corée du Nord, qui a de nouveau défié cette semaine Washington et la communauté internationale en tirant un nouveau missile.
Quelques heures avant de recevoir Xi Jinping, Donald Trump a assuré au Premier ministre japonais Shinzo Abe, lors d'un entretien téléphonique, que les Etats-Unis allaient "continuer de renforcer" leurs capacités militaires "face à la menace sérieuse que la Corée du Nord continue de poser".
Depuis plusieurs semaines, Washington exhorte Pékin à faire pression sur son allié pour qu'il renonce à son programme nucléaire. Dans un entretien publié dimanche, le 45e président des Etats-Unis a laissé planer la menace d'une intervention militaire, se disant prêt à "régler" seul le problème si la Chine continue à tergiverser.
Selon des sources diplomatiques dans la capitale chinoise, M. Xi, qui a déjà stoppé les importations de charbon nord-coréen, conformément aux sanctions de l'ONU, pourrait offrir à Donald Trump de renforcer le contrôle des banques chinoises qui travaillent avec le régime de Kim Jong-Un.
Il pourrait exiger en échange de son hôte qu'il renonce à un important contrat d'armement à destination de Taïwan, l'île que Pékin considère comme une province destinée à être réunifiée à la mère patrie.
Au moins d'ici au prochain congrès du Parti communiste à l'automne, lors duquel M. Xi doit décrocher un nouveau mandat de cinq ans à la tête du pays.
Accès aux marchés
Autre question brûlante qui devrait être évoquée en Floride, le commerce.
L'homme d'affaires new-yorkais reconverti dans la politique veut aborder le sujet délicat du déficit des Etats-Unis avec la Chine, qui s'est élevé à près de 350 milliards de dollars en 2016.
La Maison Blanche a promis des paroles "franches" sur ce thème. Avec pour objectif de "réduire les barrières à l'investissement et aux échanges créées par les Chinois", selon les termes d'un responsable américain.
M. Xi pourrait offrir une ouverture accrue du marché chinois dans les secteurs de l'automobile et de l'agriculture, selon des sources diplomatiques.
En échange, il demanderait à son hôte que les Etats-Unis adhèrent à la BAII, la banque asiatique de développement des infrastructures que Pékin a mise en place pour concurrencer des institutions comme la Banque mondiale, jugées par trop sous influence des Occidentaux.
M. Xi réclamerait aussi des assouplissements des contrôles à l'exportation vers la Chine dans les secteurs des biotechnologies et du traitement des eaux.
Avec AFP