Le groupe qatari a l'intention d'acheter au moins pour 808 millions de dollars de titres American Airlines en circulation, a indiqué American Airlines dans un document adressé au gendarme de la Bourse américain. Au cours de clôture de l'action mercredi (48,43 dollars), ce montant représente 16,7 millions de titres American Airlines.
A Wall Street, les investisseurs saluaient cette annonce: le titre American Airlines gagnait plus de 3% dans les premiers échanges.
Cet intérêt qatari intervient au moment où le pays est au centre d'une grave crise diplomatique dans la région du Golfe. Le 5 juin, l'Arabie saoudite et plusieurs de ses alliés ont rompu leurs liens avec ce riche émirat, accusé de soutenir "le terrorisme" et de se rapprocher de l'Iran chiite, rival régional du royaume saoudien.
Ces pays du Golfe ont fermé leurs frontières terrestres et maritimes avec le petit mais richissime émirat gazier et lui ont imposé de sévères restrictions aériennes.
L'administration américaine a envoyé des signaux contradictoires sur cette crise.
Jugeant ce "blocus illégal", Akbar al-Baker, le patron de Qatar Airways, a menacé de saisir les tribunaux internationaux pour obtenir une compensation car cette crise affecte, assure-t-il, 18 destinations desservies par la compagnie aérienne, soit 50 vols par jour.
Connu pour son franc-parler et son tempérament fougueux, il s'est également dit déçu par la Maison Blanche: "Les déclarations du président Trump concernant mon pays étaient déplacées", avait-il déclaré le 12 juin.
Subventions
Dans ce contexte, American Airlines, qui compte comme actionnaire le milliardaire américain Warren Buffett, a tenu à préciser jeudi n'avoir pas sollicité cet investissement.
"La proposition d'investissement de Qatar Airways n'a pas été sollicitée par American Airlines et ne changerait dans aucun cas ni la composition du conseil d'administration, ni la gouvernance, ni le management ni l'orientation stratégique", écrit le groupe, qui promet d'y répondre comme il se doit.
Ce potentiel investissement n'aura pas d'impact non plus sur les accords de "ciel ouvert" conclus entre autres avec les Emirats arabes unis et le Qatar, assure encore la première compagnie aérienne mondiale.
Il ne devrait pas non plus influencer les demandes de mesures de protection faites aux autorités américaines par les groupes américains face aux subventions publiques supposées perçues par les compagnies du Golfe, ajoute American Airlines.
"American Airlines continue de penser que le président (Donald Trump) et son administration vont s'opposer à des gouvernements étrangers pour mettre fin aux subventions massives accordées à leurs transporteurs, lesquelles menacent le secteur aérien américain et ses emplois", insiste-t-elle.
Une coalition de compagnies américaines parmi lesquelles American Airlines, Delta Air Lines et United, accuse Emirates, Etihad et Qatar Airways d'avoir reçu 42 milliards de dollars de subventions de leurs gouvernements de tutelle depuis 2004.
American Airlines rappelle également que tout investisseur souhaitant acquérir plus de 4,75% de son capital doit recevoir au préalable le feu vert de son conseil d'administration.
La législation américaine limite en outre les droits de vote d'un actionnaire étranger à 24,9%, affirme encore la société, sans toutefois préciser la part de droits de votes revenant à un investisseur détenant 10% du capital.
Qatar Airways s'est développé à un rythme effréné ces deux dernières décennies, en prenant des participations dans des compagnies aériennes étrangères notamment.
Le groupe est ainsi l'un des principaux actionnaires d'International Airlines Group (IAG), maison mère de British Airways, partenaire d'American Airlines.
Il détient 49% du capital de la deuxième compagnie italienne Meridiana et est au capital du transporteur sud-américain LATAM Airlines.
Avec AFP