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Quatorze millions de personnes ont besoin d'une aide d'urgence dans le nord-est du Nigeria


Le camp de personnes déplacées fuyant les attaques répétées du groupe islamiste Boko Haram à Maiduguri, Nigeria, 28 août 2016.
Le camp de personnes déplacées fuyant les attaques répétées du groupe islamiste Boko Haram à Maiduguri, Nigeria, 28 août 2016.

Quatorze millions de personnes ont besoin d'une aide d'urgence et 75.000 enfants risquent de mourir de faim dans quelques mois si aucune aide ne leur est apportée dans le nord-est du Nigeria, s'alarme mardi l'ONU, tandis qu'Abuja a prévenu d'une "famine" imminente dans le pays.

"Nous estimons que 14 millions de personnes nécessitent une assistance humanitaire" d'urgence, a expliqué Peter Lundberg, coordinateur de l'action humanitaire pour les Nations unies au Nigeria, lors d'une conférence de presse.

Parmi ces 14 millions de personnes, 400.000 enfants sont dans une situation critique et 75.000 "vont mourir dans les prochains mois si nous n'agissons pas rapidement et sérieusement", a estimé M. Lundberg, de retour de l'Etat du Borno (nord-est du Nigeria), le plus affecté par cette crise alimentaire.

M. Lundberg a proposé que la communauté internationale porte assistance à 7 millions de personnes, et que l'Etat nigérian se concentre sur l'autre moitié.

"Nous avons besoin du secteur privé, nous lançons un appel aux philanthropes nigérians. Nous lançons un appel à la communauté internationale. Nous irons de pays en pays pour demander de l'aide. Nous allons demander à nos partenaires internationaux de contribuer, car nous ne pourrons résoudre cette crise que si l'on se serre les coudes", a martelé M. Lundberg.

Pour l'instant, les Nations unies n'ont recueilli que 38% des fonds nécessaires (soit 180 millions de dollars, alors que les besoins se chiffrent à 485 millions de dollars), essentiellement auprès de l'Union européenne, des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne.

Abuja, qui intervient à travers sa structure d'urgence nationale (National Emergency Management Agency - NEMA), a promis d'en faire encore "plus" pour porter assistance aux populations du nord-est, notamment aux millions de déplacés du conflit.

Mais, avec la chute du prix du baril depuis un an, le géant pétrolier est entré en récession, manque de devises étrangères pour importer sa nourriture, et les caisses de l'Etat se vident.

- 'Famine' -

Lundi, le porte-parole de la présidence Garba Shehu a demandé aux producteurs de céréales nigérians de se concentrer sur le marché national plutôt que d'exporter vers les pays voisins, car le "pays pourrait être en situation de famine" d'ici le mois de janvier, a-t-il prévenu.

C'est la première fois que le mot "famine" est utilisé officiellement. Ce sujet reste en effet extrêmement sensible au Nigeria. La guerre du Biafra (1967-1970) - où plus d'un million de personnes sont mortes de faim ou de maladies liées au manque de nourriture due à un blocus de l'Etat fédéral sur la région indépendantiste - est encore dans tous les esprits.

En juillet dernier, les autorités nigérianes ont finalement ouvert la voie à l'aide internationale, après un fort déni de la situation et une volonté d'étouffer la rébellion jihadiste en coupant tout accès par la route autour de son fief, la forêt de Sambisa.

Depuis 2009, l'insurrection de Boko Haram a fait au moins 20.000 morts et plus de 2,6 millions de déplacés au Nigeria, la plupart vivant dans des camps contrôlés par l'armée nigériane.

Aujourd'hui, dans le nord, l'insurrection est largement affaiblie, mais l'instabilité et les combats sporadiques coupent du monde une grande partie du territoire. Les routes sont bloquées, les villageois manquent de tout et les déplacés sont regroupés dans des camps contrôlés par l'armée.

Dans les villages, on n'arrive plus à faire face aux pillages incessants des récoltes, les terres ont été détruites ou parsemées de mines anti-personnelles, les points d'eau contaminés, et les pénuries ont fait augmenté les prix sur les étals des marchés.

A l'exception de la capitale de l'Etat du Borno, Maiduguri, Bama, plus à l'est, est pour l'instant une des rares localités où peuvent se rendre sporadiquement des ONG, avec Dikwa et Monguno.

Fin septembre, l'ONG Médecins sans frontières a pu se rendre à Ngala et Gambaru, à la frontière du Cameroun, et souligné que "l'urgence humanitaire dans le nord-est du Nigeria atteint des niveaux catastrophiques".

Avec AFP

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