Quatre employés de la Banque internationale du Cameroun pour l'épargne et le crédit (Bicec), dont un ex-directeur général adjoint limogé en mai, et un ancien directeur de la comptabilité, ont été interpellés lundi et placés en détention à "New-Bell", la prison centrale de Douala, a affirmé à l'AFP une source judiciaire sous couvert d'anonymat.
Cette source a fait état de "malversations de plusieurs milliards de francs CFA" (l'équivalent de plusieurs millions d'euros) sur une douzaine d'années. Par exemple, "des dépenses indues de 3 milliards de FCFA effectuées de 2008 à 2012 pour du mobilier", a-t-elle précisé.
"Ils sont accusés de faux, complicité de faux en écriture privée, abus de confiance et escroquerie aggravée", a précisé une source pénitentiaire à Douala.
Selon l'hebdomadaire Jeune Afrique, un document de la Commission bancaire de l'Afrique centrale, qui avait diligenté en mars une enquête au sein de la banque après des révélations choc de la presse locale, a provisoirement évalué le préjudice à "plus de 50 milliards de FCFA (plus de 76 millions d'euros)" entre 2003 et 2015.
Joint par l'AFP, un responsable de la banque n'a pas souhaité confirmer ces montants, indiquant toutefois que la Bicec avait porté "plainte contre X", après avoir décelé des malversations.
"Il est difficile de croire que de telles sommes aient pu être détournées durant plusieurs années sans que les différents patrons de la banque soient au courant", estime un expert du ministère camerounais des Finances, selon lequel plusieurs rapports alarmants ont été systématiquement ignorés à l'époque. Durant la période incriminée, quatre Français se sont succédé à la tête de la Bicec.
La BPCE détient 61% du capital de la Bicec, loin devant d'autres actionnaires comme l'Etat camerounais (17,5%) et une filiale de l'Agence Française de développement (AFD) dédiée au secteur privé, Proparco (7,5%).
Les scandales financiers sont fréquents au sein des banques et établissements de microfinance du Cameroun.
Une avocate franco-camerounaise, Lydienne Yen Eyoum, avait ainsi été condamnée en 2014 pour détournement d'une partie des créances récupérées au nom de l'Etat camerounais auprès d'une filiale de la banque française Société générale, la SGBC. Libérée début juillet après une grâce présidentielle, elle doit encore rembourser 1,6 million d'euro au Cameroun.
Avec AFP