PARIS (Reuters) - La France n'en a pas terminé avec les menaces, ont déclaré vendredi François Hollande et Manuel Valls après l'épilogue de trois journées meurtrières qui ont fait au moins 17 victimes et se sont soldées par la mort des trois meurtriers.
Lors d'une allocution solennelle, le chef de l'Etat a confirmé que la prise d'otages survenue vendredi à Paris dans une supérette casher avait fait quatre morts, qui s'ajoutent aux 12 morts de Charlie Hebdo mercredi et au décès d'une policière municipale jeudi à Montrouge (Hauts-de-Seine).
Le meurtrier présumé de cette dernière, Amedy Coulibaly, est à l'origine de la prise d'otages de vendredi et a été tué lors de l'assaut des forces de l'ordre, quasi-simultané avec l'intervention des policiers et des gendarmes en Seine-et-Marne contre les auteurs présumés de la tuerie de Charlie Hebdo, Chérif et Saïd Kouafi, qui ont également été tués.
"C'est bien un acte antisémite effroyable qui a été commis", a déclaré François Hollande à propos de la prise d'otages de Paris.
Le président français a appelé à la vigilance, à l'unité et au refus de tout amalgame.
"Ces illuminés, ces fanatiques n'ont rien à voir avec la religion musulmane", a-t-il souligné, exhortant à être "implacable" contre le racisme et l'antisémitisme.
"La France, elle a fait face", a insisté François Hollande, qui défilera dimanche aux côtés des principaux dirigeants européens lors d'une "marche républicaine" à Paris.
NE PAS BAISSER LA GARDE
Pour le Premier ministre Manuel Valls, "il y aura un avant et un après".
"Jamais la France n'avait connu trois attaques en trois jours, avec tant de morts, depuis des décennies", a-t-il poursuivi, précisant que François Hollande avait pris la décision du double assaut.
"Il fallait agir de manière simultanée et assez rapidement. Ça aurait pu être plus long et encore plus dramatique", a-t-il déclaré sur TF1.
Lui aussi a mis en garde contre de possibles nouvelles actions.
"Nous pouvons encore subir ces attaques. (...) Nous ne devons pas baisser la garde", a-t-il dit.
"Nous avons toujours considéré qu'à un moment ou l'autre nous pourrions être frappés. Nous avons déjoué des attentats mais, oui, il y a évidemment face à ce risque toujours des possibilités d'avoir des failles, de ne pas pouvoir suivre telle ou telle équipe, c'est pour cela que nous devons en tirer les leçons, analyser de près ce qui s'est passé", a-t-il commenté.
François Hollande, a-t-il indiqué, a invité le gouvernement et les parlementaires à réfléchir à de nouveaux dispositifs contre ce défi sans précédent.
"Nous avons engagé une guerre contre le terrorisme, pas contre une religion", a dit le chef du gouvernement.
Dans un communiqué diffusé après l'intervention de François Hollande, Nicolas Sarkozy estime que "la guerre a été déclarée à la France, à ses institutions, à la République par des barbares qui nient l’idée même de civilisation et les valeurs universelles de l’humanisme".